Il en est des bâtimens comme des hommes : les uns ont le mauvais œil : les autres pourraient s’appeler des porte-bonheur. La Bayonnaise, que j’ai eu l’honneur de commander pendant près de quatre ans dans les mers de Chine, est revenue de sa longue campagne sans un échouage ; de son état-major sont sortis trois vice-amiraux et un contre-amiral. la Sémillante a fait mieux encore : elle a donné à la France deux amiraux : l’amiral Roussin et l’amiral Baudin[1].
L’amiral Roussin a beaucoup écrit; il n’a pas, comme l’amiral Baudin, laissé de mémoires. Les journaux de bord qui m’ont été confiés par son fils, le vice-amiral baron Roussin, mon filleul, pourraient au besoin y suppléer. Je possède heureusement une mine plus féconde encore : les longs entretiens dont l’illustre amiral daigna m’honorer dans les dernières années de sa laborieuse et glorieuse existence ont gravé dans mon esprit des souvenirs tellement vivaces
- ↑ Voyez, dans la Revue du 1er février 1886, l’étude intitulée : la Marine de 1812, d’après les souvenirs inédits de l’amiral Baudin.