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REVUE LITTERAIRE

Napoléon et ses détracteurs, par le prince Napoléon. Paris, 1887, Calmann Lévy.

Depuis tantôt cinq ou six mois que l’on savait qu’un prince neveu cousin et fils d’empereurs ou de rois autrefois très puissans, s’était proposé de répondre au libelle, — ainsi qu’il l’appelle. — de M. Taine sur Napoléon, nous attendions sa réplique avec une impatience ou une curiosité que justifiaient également, bien qu’à des titres différens, la réputation de M. Taine d’abord, le nom glorieux de son contradicteur, la grandeur et enfin l’intérêt national du sujet .

Le livre vient de paraître; et si nous pouvons dire sans flatterie qu’il nous a révélé dans le prince un écrivain que nous n’y connaissions pas c’est que nous devons ajouter aussitôt que, ni dans la forme ni dans le fond, le livre lui-même n’est ce qu’il pouvait être. Le prince Napoléon ne voulait point écrire « une Vie de Napoléon, » et on ne le lui demandait pas, car, aussi bien, et pour vingt raisons l’eût-il voulu, qu’il ne le pouvait pas. Mais, au Napoléon de M. Taine, puisqu’il le trouvait faux, et aussi peu conforme à la nature qu’à l’histoire, il pouvait, et nous nous attendions qu’il opposât le sien. En regard des « inventions d’un écrivain dont la passion avait faussé le jugement et obscurci la conscience, — ainsi s’exprime-t-il, — il pouvait rétablir, comme il le promettait dans son Introduction, « l’homme et son œuvre dans leur réalité vivante. » Et dans nos imaginations, où la manière dure et chagrine de M. Taine avait gravé les traits d’un Malatesta ou d’un Sforza moderne.il pouvait enfin substituer, lui, l’héritier du nom et des