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LA
FRANCE DANS LE LEVANT

Dans les pages qui suivent, on ne parlera de la politique française ni à Constantinople, ni en Égypte, non plus que de ce qu’on est convenu d’appeler la question d’Orient. Celle-ci constitue un problème, en lui-même obscur, et sur lequel on a accumulé comme à plaisir les ténèbres. Bien habile ou bien fort qui l’en fera sortir. Quant à la France, il ne paraît pas qu’elle ait eu, depuis une centaine d’années, une politique suivie, soit au Caire, soit sur le Bosphore; y a-t-elle jamais eu cette règle d’action, cette tenue qui mérite seule le nom de politique? Aujourd’hui même, avons-nous au gouvernement de la république un homme connaissant assez les choses de l’Orient et disposant des moyens d’y faire prévaloir une idée juste, pratique et féconde? N’y vivons-nous pas au jour le jour, louvoyant dans des événemens que nous n’avons pas préparés et dont la conclusion tourne parfois contre nous? Nous avions pour ainsi dire conquis l’Égypte, nous l’avions perdue, puis ressaisie; finalement elle nous échappe, et nous ne savons tirer aucun parti de l’échec récent de l’Angleterre. Quand on a fait rendre à la Grèce la Thessalie, nous avions fixé d’autres limites et compris l’Épire