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comme dans la seconde chambre, le libéralisme garde l’avantage. Rien n’est changé, la proportion des partis reste à peu près la même. Le roi a déjà inauguré par un discours des plus simples, plein de confiance, le nouveau parlement néerlandais, et maintenant la révision constitutionnelle, depuis si longtemps discutée, va pouvoir, selon toute apparence, être définitivement adoptée et sanctionnée. Au milieu de ces préoccupations d’élections et de révision constitutionnelle, cependant, il s’est produit comme une sorte de diversion un incident singulier, qui a du moins le mérite de montrer dans sa vérité le sentiment de cet honnête et paisible peuple néerlandais.

C’est un fait avéré : la Hollande, elle aussi, a ses socialistes ! Le chef des socialistes hollandais, M. Domela Nieuwenhuys, a eu, il y a quelque temps, des démêlés avec la justice, et, après quelques mois de prison, il a eu récemment l’avantage d’être rendu à la liberté. Aussitôt des manifestations se sont organisées. Les socialistes hollandais, qui sont plus bruyans que nombreux, ont voulu fêter l’événement dans les villes où ils ont des adhérens, à Amsterdam, à Rotterdam, à Utrecht. Partout où il est allé, le chef socialiste a été reçu par ses partisans, empressés à lui préparer des ovations. Il y a eu des promenades, des réunions et des discours, accompagnés de l’exhibition du drapeau rouge. La fête a été complète, malheureusement elle n’a pas duré; elle n’a pas tardé à être interrompue par la population, qui s’est impatientée et s’est mise de la partie, saccageant quelque peu les salles de réunion et les brasseries des socialistes, abattant le drapeau rouge partout où elle le rencontrait, répondant aux manifestations anarchistes par des manifestations pour le roi, pour la maison d’Orange. Les troubles se sont renouvelés plusieurs jours de suite. La police a été obligée de s’en mêler pour rétablir la paix, et M. Domela Nieuwenhuys, accompagné de quelques amis, a été fort heureux de pouvoir s’échapper sans plus de dommage. Il s’est, dit-on, rendu en Suisse, où il pourra méditer sur la manière de révolutionner la Hollande. L’heure ne paraît pas encore venue où le bon sens hollandais goûtera les merveilles du socialisme !


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


La rapidité avec laquelle a été réglée, entre les deux cabinets de Berlin et de Paris, la regrettable affaire de Raon-sur-Plaine, a permis a