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temps que l’activité éphémère de la liquidation faisait place à un nouvel accès de langueur et de découragement.

Si l’on demande à ceux que les pronostics de hausse avaient laissés incrédules pour quels motifs ils ne croient pas à un mouvement de quelque étendue, on ne les trouve point à court d’argumens : l’entrevue de Friedrichsruhe et la consolidation de la triple alliance italo-austro-allemande, la question bulgare, les allures mystérieuses de la politique russe, l’inquiétude persistante à Vienne et à Pest, le pessimisme opiniâtre du marché autrichien, l’affaire du Maroc, et surtout, à l’intérieur, l’agitation causée par la découverte du scandale du ministère de la guerre, la lutte acharnée des partis, l’incertitude sur le sort du cabinet lorsque le parlement aura repris ses travaux, les difficultés budgétaires plus aiguës que jamais. Les haussiers allèguent en réponse que, sur le point essentiel, qui est le maintien de la paix, l’Europe a plus de raison d’être rassurée en ce moment qu’il y a quelques mois, et que l’abondance des capitaux triomphera de tous les raisonnemens des pessimistes politiques.

Pour l’instant, les haussiers ont tort. Après avoir soutenu pendant dix jours le 3 pour 100 français entre 82.20 et 82.30, ils ont dû, le jeudi 13, céder à l’impression défavorable résultant de l’arrivée successive de cotes en baisse de Londres et de Berlin. Au Stock-Exchange, désarroi sur les valeurs américaines ; en Allemagne, reprise de la campagne de presse contre les fonds russes ; en Autriche, situation financière très embarrassée ; en Italie, perspective de grandes dépenses pour l’expédition de Massaouah. La liquidation s’est annoncée difficile sur les deux places du Nord ; nos haussiers ont tenu compte de l’avertissement et se sont résolus à opérer un mouvement de recul. Le 3 pour 100, après avoir atteint 82.37 au plus haut, finit à 81.95. L’amortissable s’est élevé à 85.45, pour revenir à 84.85. Le 4 1/2 reste à 109.12, après s’être avancé jusqu’à 109.50.

Au comptant, les cours se sont tenus constamment au-dessous du niveau du terme. Il s’est produit des réalisations sur les obligations de chemins de fer après le détachement du coupon d’octobre. Seule, l’obligation du Nord a conservé le cours de 400.

L’Italien a été porté de 98.80 à 99.20. Déjà on recommençait à prêter à M. Magliani des projets de conversion. Il faut, avant que ces bruits deviennent sérieux, que le pair soit dépassé de deux ou trois unités ; on n’en est pas encore là. Le revirement général et le bruit non officiellement démenti d’un échec infligé par les Abyssins à la garnison italienne de la Mer-Rouge ont provoqué des réalisations ; dernier cours, 98.65. Un nouveau délai a été accordé au syndicat des obligations nouvelles des chemins de fer italiens (au nombre de 350,000) pour l’exercice de son option.