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devrait être, » Die Menschheit wie sie ist und wie sie sein soll, imprimé en 1835, et sur « les garanties d’harmonie et de liberté, » Garantien der Harmonie and Freiheit, publié en 1842 à Zurich. « L’égalité absolue, lisons-nous dans ce dernier ouvrage, ne peut être établie que par la destruction de l’organisation actuelle de l’état. Elle comporte seulement une administration et n’admet pas de gouvernement. Lorsque la propriété a été établie primitivement, on a pu l’admettre, parce qu’elle n’enlevait à personne ni le droit ni le moyen de devenir propriétaire, car il n’y avait pas d’argent, mais des terres en surabondance. Depuis l’instant où l’homme libre ne put plus occuper une partie du sol, la propriété, au contraire, a cessé d’être un droit. Devenue une injustice criante, la propriété apparaît maintenant comme la source du dénûment et de la misère des masses. Je vous le dis, ouvrez vos prisons et dites à ceux que vous y avez enfermés : Vous ne saviez pas plus que nous ce qu’est la propriété. Réunissons nos efforts pour abattre ces murs, ces haies, ces barrières, afin que disparaisse la cause de notre inimitié et que nous puissions vivre en frères. »

Weitling, comme Gall, a essayé l’application pratique de ses rêves humanitaires. Étant à Paris, affilié à la société secrète communiste de « l’Alliance des justes, » il fonda une pension coopérative. Selon les prévisions et les calculs du fondateur, la pension en question devait procurer annuellement à ses associés coopérateurs un bénéfice de 14,000 francs. Au bout de la première année, le gérant se sauva avec 9,000 francs déposés dans la caisse sociale, laissant comme fiche de consolation aux sociétaires les notes des fournisseurs à payer. Les premières associations socialistes allemandes se sont ainsi formées sur le sol français, après la révolution de juillet. De ce nombre fut le Deutscher Volksverein, constitué en 1832 dans le dessein de transformer l’Allemagne en un état unitaire avec une constitution démocratique, longtemps avant l’apparition sur la scène de Ferdinand Lassalle. Supprimée par un arrêt de la police de Paris, cette association se réorganisa, sous le nom de Jung-Deutschland, à l’état de société secrète. Elle inscrivit à l’article premier de ses statuts : « l’affranchissement et la régénération de l’Allemagne, avec la réalisation des principes énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. » Un autre article édictait la peine de mort contre les affiliés qui trahiraient la société. Plus tard, les visées socialistes furent ajoutées à l’action d’abord exclusivement politique de l’association, qui étendit ses ramifications aux principales villes d’Allemagne. Strasbourg avait une de ses succursales ; mais le quartier-général se trouvait à Paris et à Londres. Quand un ouvrier allemand