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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/827

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à peu, inconsciemment, comme s’éteignent ceux qui meurent de vieillesse et de misère, on suppose qu’ils ont manifesté l’intention d’être enterrés civilement, et on les conduit, sans cérémonie d’aucune sorte, dans un cimetière qui est un champ, où ils sont enfouis sans inscription ni croix.

Malgré ces économies, on sera vraisemblablement obligé à de nouvelles dépenses dans la maison de Nanterre, et cela à cause de la substitution d’un personnel laïque au personnel congréganiste, en vue duquel la maison avait été aménagée. Un bâtiment voisin de la chapelle devait loger toute la communauté. Ce bâtiment est occupé aujourd’hui par six gardiennes laïques, qui seules, étant célibataires, ont bien voulu s’en accommoder. Il a fallu loger les autres, avec leurs familles, dans les bâtimens de l’administration. La maison de Nanterre n’ayant pas encore toute la population qu’elle est destinée à contenir, les choses pour le moment peuvent aller ainsi. Mais lorsqu’elle sera à son complet, tant comme détenus que comme gardiens et gardiennes, force sera bien d’agrandir le bâtiment où logent actuellement les gardiennes, leurs enfans et leurs maris. Je ne parle pas de la dépense annuelle qui résultera du remplacement d’un personnel uniformément rétribué au taux de 650 fr., par un personnel dont les traitemens varient d’un minimum de 800 à un maximum de 1,500, et je crois même de 2,000 francs. Quanta ce personnel lui-même, je ne voudrais absolument rien articuler contre lui. Il faut se garder de ces condamnations générales prononcées contre toute une catégorie de femmes à raison du costume qu’elles portent ou plutôt qu’elles ne portent pas, car on risque par là de méconnaître des dévoûmens réels. Je dirai même que quelques-unes de ces gardiennes m’ont paru de bonnes personnes, remplissant avec autant de zèle, quoique peut-être avec un peu moins de tenue que les religieuses, des fonctions assez rebutantes. Je dois cependant relater un petit fait que le hasard a porté à ma connaissance. En me promenant dans une des salles réservées aux femmes, j’avisai dans un coin une note manuscrite, signée par le directeur, qui défendait en termes sévères aux gardiennes de couper les cheveux des pensionnaires, et qui s’élevait avec vivacité contre cette mutilation infligée à des femmes. Je m’informai des motifs qui avaient rendu cette prohibition nécessaire, et j’appris que, lors de l’ouverture de la maison de Nanterre, une revendeuse en cheveux était venue demander assez naïvement, au nouveau directeur, si elle pouvait continuer à acheter aux gardiennes les cheveux des détenues, comme elle faisait à Saint-Denis. De là cette note que je ne pas qu’approuver ; mais je me demandai en même temps si, dans une maison tenue par des sœurs de Marie-Joseph, pareille interdiction eût été nécessaire.