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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/850

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trouvait en présence d’un concurrent redoutable, le métallurgiste Gabriel Jars. Jars, attaché au service des mines, avait d’abord dirigé l’exploitation des mines de plomb argentifère de Poullaouen en Bretagne, les mines de houille d’Ingrande en Anjou, puis, chargé de diverses missions par le gouvernement, il avait visité les mines de Saxe, d’Autriche, de Carinthie, de Bohême, du Harz, de Suède, de Norvège, les manufactures de Hollande et celles d’Angleterre, d’où il rapporta les procédés, encore inconnus en France, de la fabrication du minium[1]. Jars avait trente-six ans ; il était soutenu par Buffon, trésorier de l’Académie, et par le ministre Saint-Florentin, qui désirait vivement que l’Académie reconnût les services importuns rendus à l’état par le savant ingénieur.

L’Académie, d’après le règlement de 1699, modifié en 1716, était composée de membres de diverses catégories, jouissant de droits inégaux : douze honoraires, choisis parmi les grands seigneurs, et qui seuls pouvaient être présidons ou vice-présidens ; dix-huit pensionnaires ; douze associés et douze adjoints répartis en géomètres, astronomes, mécaniciens, chimistes et botanistes ; de plus, elle comptait des associés libres, des associés étrangers[2], des pensionnaires vétérans et des associés vétérans. Les honoraires et les pensionnaires avaient seuls voix délibérative dans les élections ou dans les affaires intéressant l’Académie. Les deux associés de la classe dans laquelle se présentait une vacance étaient cependant appelés à dresser avec les trois pensionnaires la liste des candidats. La position des adjoints, du reste, était encore plus subalterne ; pendant les séances, ils s’asseyaient sur des banquettes placées derrière les fauteuil des associés, mais avaient le droit de se mettre à côté de ceux-ci, si quelque place était libre[3].

Lors de la vacance produite par la mort de Baron, la liste des candidats fut dressée par les pensionnaires chimistes La Condamine, Bourdelin et Malouin, et les adjoints Rouelle et Macquer. Les votans comprenaient, comme honoraires, les ministres Maurepas, Bertin, de Saint-Florentin et de Machaut, le maréchal duc de Richelieu, le comte de Maillebois, Malesherbes, le cardinal de Luynes, Paulmy d’Argenson, Trudaine et le marquis de Courtanvaux. Les pensionnaires étaient : les géomètres Mairan, Fontaine, d’Alembert ; les

  1. Éloge de Jars, par de Fouchy, secrétaire perpétuel de l’Académie. (Mémoires de l’Académie pour 1769.)
  2. Les associés étrangers comprenaient, en 1769, Morgagni, Daniel Bernouilli, Van Swieten, Haller, Euler, Linné, etc. Comme associés ordinaires, il y avait de La Lande, Bezout, Tenon, Tillot, Rouelle, Macquer ; parmi les adjoints, le comte de Lauraguais, le docteur Portal, le botaniste Adanson, l’abbé Bossut, l’abbé Chappe d’Auteroche, Bailly, etc.
  3. Sur l’organisation de l’ancienne Académie des Sciences, voir E. Maindron, l’Académie des Sciences, 1 vol. in-8o.