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Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 84.djvu/854

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mesurer les hauteurs et à déterminer la latitude ; ces expériences, dans lesquelles il eut comme collaborateur Fourray, professeur d’hydrographie au Havre, l’occupèrent tout le mois d’avril[1].

Il repartit en tournée le 9 août, en compagnie des fermiers-généraux Jacques Delahante, de Parseval et de Bouilhac fils. Ce n’était certes pas un voyage d’agrément. J. Delahante, qui ne connaissait que les affaires de la ferme, lisait à ses collègues, en attendant le dîner, soit un mémoire sur l’état actuel de la régie du tabac en France et en Lorraine, soit un travail sur l’établissement de pompes à feu dans les salines de la Franche-Comté ; puis c’étaient des conférences sur la manufacture de Dunkerque, sur celle de Gravelines, et plusieurs mémoires que Lavoisier devait rédiger et soumettre à ses compagnons sur la culture du tabac, en réponse aux questions posées par Paulze, qui était chargé de ce département. Les fermiers-généraux parcoururent toute la région du nord : Lille, Dunkerque, Gravelines, Boulogne. Lavoisier, dans ses journaux de voyage, à ses notes de fermier-général et à ses observations scientifiques, joint ses impressions de voyageur ; la description des vieilles églises qu’il visite, le récit d’une excursion au champ de bataille de Fontenoy, tout est sujet de satisfaction pour son ardente curiosité[2]… Au bout de quinze jours, ses compagnons retournèrent à Paris ; il continua seul son voyage d’inspection, qui le mena de nouveau à Reims, à Soissons, dans le Clermontois, et ne se termina qu’au mois de février 1771.

À ce moment, enfin, il put reprendre ses travaux de laboratoire. Diverses questions l’occupèrent alors ; outre les rapports que lui confia l’Académie, il entreprit des expériences sur l’emploi de l’alcool dans l’analyse des eaux pour la précipitation fractionnée des sels, l’action de l’eau sur le mercure ; il analysa diverses eaux et s’attacha surtout à l’eau de mer ; poursuivant la réalisation de l’atlas minéralogique, il opéra des nivellemens dans Paris et aux environs, détermina la hauteur des clochers, des moulins, au-dessus du niveau de la Seine, au pont Royal ; il se proposait, en même temps, de répéter l’expérience qu’il avait faite, en 1770, sur l’attaque du verre par l’eau ; d’en entreprendre de nouvelles sur le nitre, sur l’indigo ; de rechercher les causes de la variation du baromètre ; de refaire les tables de correction de ses aréomètres ; de compléter son mémoire de 1766 sur l’éclairage, etc.[3].

  1. OEuvres complètes, t. IV, p. 55.
  2. Le 25 août, il lut à la séance publique de l’académie d’Amiens un mémoire sur l’histoire minéralogique de la France et particulièrement de la Picardie. (Journal économique, 1771.)
  3. Registre des expériences, mémoires et rapports que je me propose de faire pour l’Académie, commencé le 11 mai 1771. (Note autographe de Lavoisier.)