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mais il serait indispensable de les introduire dans tous les pensionnats. C’est, je le répète, une conquête à réaliser. Les bains de mer, dans la belle saison, produisent des résultats analogues ; ils ont, de plus, l’avantage de joindre à l’action tonique de l’eau froide l’exercice de la natation et l’influence vivifiante de l’air marin; mais toutes les jeunes filles ne peuvent pas les supporter. Ils sont trop excitans pour les plus impressionnables, tandis que l’hydrothérapie proprement dite peut être graduée à volonté, et, quand elle est appliquée par des mains exercées, ne trouve pas de sujets réfractaires.


IV.

Je me suis étendu très longuement sur l’éducation dans la famille, parce que c’est la seule qui se prête à une direction individuelle et qu’on puisse conduire à son gré. Dans les institutions, on est forcé de faire passer tous les caractères, toutes les intelligences sous le même niveau, et, par conséquent, de se contenter de méthodes générales. Malgré son infériorité, ce mode d’éducation est une ressource précieuse pour les jeunes filles qui ne peuvent pas être élevées à la maison ; mais ce refuge n’est ouvert qu’à celles qui sont riches. Dans les classes pauvres, lorsque la mère vient à manquer, c’est un désastre. Le père est absent tout le jour, et les filles, abandonnées à elles-mêmes, ne sont plus que des épaves de la famille, qui flottent au gré de tous les courans et vont bien souvent se perdre dans le torrent d’où rien ne sort plus.

Les maisons d’éducation sont de deux sortes : les unes sont tenues par des institutrices laïques, les autres par des religieuses ; les premières sont de beaucoup les plus nombreuses et diffèrent entre elles suivant la catégorie d’élèves qu’elles reçoivent, le prix de la pension et le caractère des personnes qui les dirigent. Toutes les nuances de la société sont représentées, dans les pensionnats, avec leurs goûts et leurs mœurs. Dans les uns, on se préoccupe avant tout de faire des femmes du monde ; dans les autres, on dirige les jeunes filles vers un but plus sérieux, et le degré d’instruction est plus élevé. Il en est enfin, mais en très petit nombre, où on tourne l’esprit des élèves vers les choses du ménage et les nécessités de la vie. Ce qui manque, en général, dans les pensionnats, c’est l’éducation physique, les exercices du corps et les soins hygiéniques. Cela tient au défaut d’espace et à l’absence de conviction chez les institutrices.