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les travailleurs, elles deviennent l’instrument indispensable de leur accord. » La création des premiers Gewerkvereine allemands, sous les auspices de Schuhze-Delitsch, secondé par le docteur Max Hirsch, mandataire actuel de l’organisation, remonte à 1869, année de la publication du comte de Paris sur les trade-unions. Leur idée inspiratrice est d’améliorer la condition des ouvriers, sans recourir aux moyens révolutionnaires. Réunis dans une union collective, Verband, composée de 953 sociétés locales, les Gewerkvereine se sont soumis à une direction commune. Chaque société particulière consiste en une association de secours, qui a ses statuts propres réglant les droits et les obligations de ses membres, avec un budget autonome. Outre les cotisations versées aux caisses de secours locales, inscrites comme caisses de secours libres à l’office impérial des assurances ouvrières, les sociétaires s’obligent à payer à une caisse commune, pour toute l’union, une contribution hebdomadaire de 40 pfennigs, le Vereinsgroschen. La loi sur l’assurance obligatoire des ouvriers contre la maladie a eu pour effet d’augmenter le nombre des caisses et des sociétés de l’association générale. Au lieu de 530 sociétés locales existant en 1878, avec un total de 21,000 membres inscrits, l’union des associations professionnelles compta, à la clôture de l’exercice de 1885, un nombre de 51,000 sociétaires pour 953 caisses. Beaucoup d’ouvriers, qui ne participaient à aucune caisse ancienne, ont dû se faire inscrire par suite et sous l’effet du régime de l’obligation.

L’union des Gewerkvereine comprend actuellement 18 corporations ou associations professionnelles, ayant chacune son propre comité pour la discussion de ses intérêts particuliers. Le Verband comprend les corporations des ouvriers mécaniciens et en métaux, des maçons, des charpentiers, des menuisiers, des ébénistes, des ferblantiers, des potiers, des ouvriers en porcelaine, des lithographes, des cordonniers, des tailleurs, des bateliers, des cigariers, des sculpteurs, des mineurs, des commerçans. Presque tous les associés se recrutent dans la petite industrie et parmi les artisans, quoique les ouvriers des grandes manufactures ne soient pas exclus en principe. Ces derniers participent plutôt aux caisses de fabriques, où un tiers des frais reste à la charge des patrons. Les comités des différentes corporations tiennent des réunions régulières et font faire des tournées de propagande en dehors pour gagner des adhérens, à la manière des groupes socialistes, mais en opposition avec ceux-ci. Pendant les trois dernières années, l’union n’a pas dépensé moins de 15,600 marks pour frais de propagande d’une vingtaine de délégués, qui ont visité plus de 200 localités, dans toutes les parties de l’Allemagne, depuis Memel jusqu’au Rhin. Tout naturellement le Verband a son organe de publicité hebdomadaire, le Gewerkverein, rédigé par