se rattachent les belles études de M. A. Gaudry sur les Enchaînemens du monde animal, spécialement sur les mammifères, dont ce savant a suivi et analysé le développement graduel et par séries d’un bout à l’autre des temps géologiques. L’évolution des différentes séries est ici établie sur la base d’un élément anatomique des plus essentiels, la charpente osseuse, dont les modifications ont un retentissement direct sur l’organisme et expriment nécessairement les variations fonctionnelles de celui-ci.
Il existe pourtant, dans l’étude de l’évolution des vertébrés terrestres et à respiration aérienne, par conséquent des plus élevés de tous les êtres, une difficulté qui ne sera jamais complètement surmontée : c’est celle qui tient à la mobilité de ces animaux, à la possibilité qu’ils ont toujours eue de se déplacer, pour peu que les attenances géographiques leur aient permis de s’étendre, en ce qui concerne les quadrupèdes, et, pour ce qui est des oiseaux, sans qu’aucun obstacle les ait arrêtés, aussitôt que chez eux les organes du vol eurent été suffisamment constitués. On conçoit le chassé-croisé, les irrégularités constantes et générales que les migrations ont dû introduire dans la combinaison des divers ensembles d’animaux terrestres que telle contrée, comme l’ancienne Europe, a dû successivement comprendre. Les nouveau-venus ou immigrans de chaque période, sur un point du globe, dès qu’il n’est pas donné d’observer leurs ancêtres, au sein de leur patrie d’origine, ont l’air par cela même d’avoir surgi subitement et de n’être précédés par rien. Il en est ainsi des proboscidiens, par exemple ; et si des éléphans on remonte sans trop d’effort aux mastodontes, et des mastodontes, avec plus d’incertitude déjà, aux dinothériums, ceux-ci, en revanche, bien qu’il s’agi.se d’un animal de proportions colossales, paraissent isolés, et, à défaut d’ancêtres directs reconnus, ne manifestent en arrière d’affinités qu’avec les lamantins ou dugongs, par leurs crânes. Les lamantins sont des amphibies herbivores, propres aux embouchures de certains fleuves, qui se traînent sur le rivage à l’aide de leurs nageoires ; entre eux et les proboscidiens, et malgré d’incontestables rapports de régime et de structure dentaire, il faut bien admettre une lacune très large, si on les suppose descendus d’une souche commune ; de futures découvertes pourraient seules la combler. Il n’en est pas tout à fait ainsi du règne végétal, surtout envisagé dans ce qui constitue sa plus grande force, nous voulons dire l’arbre, et par-dessus tout l’arbre forestier ou devenu social. Il est vrai que contrairement à ce qui existe pour les animaux terrestres, même les plus gigantesques, dont on possède souvent, à l’état fossile, des squelettes entiers, et presque toujours les parties, telles que les mâchoires, sur lesquelles s’appuie justement