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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 86.djvu/244

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éventuel de son privilège. Mais le privilège actuel n’expire que dans une dizaine d’années. La proposition de M. Sans-Leroy, entre autres graves défauts, avait celui de venir par trop avant l’heure. Encore les promoteurs réclamaient-ils l’urgence. La chambre, sur la demande du gouvernement, s’est refusée à montrer tant de hâte, et la commission d’initiative a repoussé la proposition, par ce motif qu’il appartient au gouvernement seul de négocier, quand le moment sera venu, avec notre grand établissement de crédit. L’action de la Banque s’est tenue très ferme entre 3,800 et 3,850. Le découvert n’ose s’engager plus à fond, bien que les prix soient encore relativement fort élevés.

Les affaires en général ont été assez actives pendant les deux dernières semaines. Sur les rentes, les cours du comptant ont été à peu près constamment tenus au-dessus du niveau du terme. L’épargne continue à se porter vers les obligations du Crédit foncier ou de nos grandes compagnies de chemins de fer. Ces derniers titres atteignent et dépassent l’un après l’autre le prix de 400 francs, qui avait paru si longtemps à peu près inaccessible.

Il est fort probable que les acheteurs de rente française auraient essayé un mouvement de hausse plus accentué, s’ils n’avaient été empêchés de donner suite à ces velléités par la baisse de quelques valeurs internationales et avant tout des fonds russes.

Il s’est formé depuis longtemps, sur le marché berlinois, une spéculation baissière sur ces fonds. Mais les opérations seules de bourse n’expliqueraient pas une chute profonde comme celle de cette quinzaine. Il est évident que le gouvernement russe a dû négocier au dehors pour le paiement de ses dettes extérieures en or, ou pour des besoins spéciaux, des quantités considérables de billets de crédit, et que les baissiers ont pu mettre à profit cette circonstance.

On peut juger du résultat obtenu en considérant qu’entre les deux liquidations de fin janvier et de fin février à Berlin, le rouble papier a fléchi de 175 à 165, ce qui signifie que ce billet, qui, en Russie, a un cours nominal de 4 francs, valait, il y a un mois, en Allemagne, 1 mark 75, soit 2 fr. 18 3/4, et qu’aujourd’hui, il ne vaut plus que 1 mark 65, ou 2 fr. 06 1/4. En même temps, le Russe 4 pour 100 de 1880 a fléchi de 78 à 75, le 5 pour 100 1873 de 93 à 89 1/4, l’emprunt d’Orient de 52 3/4 à 49 ¼. Pendant la seconde moitié seulement du mois, les fonds russes ont baissé : le 5 pour 100 1873 de 91 à 88 1/2. le 5 pour 100 1877 de 97 1/4 à 95, le 4 1/2 1875 de 84 fr. 60 à 82 francs, le 4 pour 100 1880 de 77 à 75, l’emprunt d’Orient de 51 3/4 à 49 1/4, le rouble de 173 à 163.50

Cette dépréciation considérable des valeurs russes ne pouvait demeurer sans effet sur l’ensemble des marchés allemands. La spéculation reste à la baisse à Berlin, à Vienne et à Francfort, malgré l’ouverture