Les impressions reçues pendant l’enfance, toujours les plus vivaces, ont une telle influence sur la direction de l’homme au début de la carrière que rien ne commande davantage l’attention. Les sujets dont il est préférable d’entretenir la jeunesse et la manière de les enseigner s’imposent aux plus graves méditations, car ce qui est en jeu, c’est l’élévation ou l’abaissement de l’élite de la société. Quinze ans et plus ont passé depuis le jour où, dénonçant les fautes des systèmes d’enseignement, nous voulûmes démontrer les avantages des méthodes naturelles[1]. L’esprit de nombreux lecteurs sembla touché; mais, bientôt vint l’oubli. Pour qu’une vérité se répande, il ne suffit pas de l’exprimer ; pour que d’un grand intérêt public la notion se propage, il ne suffit pas de le signaler, même de prouver cet intérêt. On sait avec quelle froideur furent accueillies dans le siècle dernier, comme dans le siècle actuel, les préceptes des philosophes réclamant l’instruction que prescrit la loi de nature. Des moyens d’action sont nécessaires pour le triomphe des meilleures causes, et ces moyens ne sont guère le partage des hommes dont la vie s’écoule dans l’étude, dans l’effort pour réaliser quelque progrès, dans le rêve d’améliorer l’état social et de concourir à la grandeur
- ↑ Voir, dans la Revue du 15 octobre 1871, l’Instruction générale en France, l’Observation et l’Expérience, et l’édition de Toulouse, 1872.