question : Qui va succéder à l’empereur dans le gouvernement de la Ville? Le pape ou le sénat? Car le sénat a reparu ; c’est un conseil aristocratique laïque, qui s’oppose, dans les documens, à la « généralité du peuple romain. »
Le pape cheminait doucement, à sa manière, vers la première place. Quand il s’agit de recouvrer les cités et territoires restitués à la Respublica, il représente seul la république. A Pontion, où la première donation est rédigée, il n’y a point de laïques auprès d’Etienne. Le sénat n’est pas présent au colloque « face à face » d’Hadrien et de Charlemagne, où celui-ci renouvelle la donation. Le pape seul conduit cette fructueuse politique. C’est lui qui fait les conquêtes hors de la ville. Dans la ville même, il est le premier personnage, sans conteste. Les Romains sont ses « brebis privilégiées. » Représentant visible du perpétuel et invisible évêque saint Pierre, il dit tout naturellement « le peuple de cette église, » ou « mon peuple de cette province. » Ce possessif est plus clair, quand Paul écrit « mes grands, » et Hadrien « mon armée. » Ici encore, la langue pontificale nous révèle la secrète ambition des papes et la méthode même de leur politique. Cependant le pontife, qui étendait sur Rome la houlette du pasteur, ne laissait pas voir le sceptre de Constantin. Il était retenu par une sorte de timidité, et, je dirai, par le sentiment obscur de la résistance des choses. Enfin, le titre de patrice des Romains qu’il donnait aux rois francs l’obligeait à leur faire leur part. Une lettre adressée à Pépin par le sénat et le peuple de Rome éclaire cette obscure situation : « Nous sommes les fermes et fidèles serviteurs du prélat trois fois bienheureux et coangélique, votre père spirituel, notre seigneur Paul, souverain pontife et pape universel... Il est notre excellent pasteur. Chaque jour, sans cesse, il lutte pour notre salut... Il nous gouverne et nous soigne comme des brebis à lui confiées par Dieu... » Voilà bien la définition d’une autorité morale qui est en passe de devenir pouvoir politique. Mais les mêmes Romains se disent les « fidèles » de Pépin. Ils l’appellent « notre défenseur et notre aide après Dieu. » C’est assurément en sa qualité de patrice qu’ils lui tiennent ce langage.
Au milieu de cette incertitude et de cette confusion intervient la question de Charlemagne : « Que faut-il faire pour la solidité de notre patriciat? » Elle n’était point résolue, quand de graves événemens survinrent, qui rappelèrent au pape sa faiblesse et sa fragilité.
Au mois d’avril 799, Léon sortait du Latran, pour se rendre à Saint-Laurent. Comme il passait devant le monastère des saints Silvestre et Etienne. il fut attaqué par le primicier Pascal, le