Pendant son séjour à Paris, Lesdiguières avait prêté le serment de duc et pair. Le prince de Condé avait été en personne le chercher pour le mener au parlement et l’avait ramené à son logis. Le duc de Luynes rechercha son alliance, et un mariage fut arrangé entre Anne du Roure, la nièce du favori, et Canaples, le second fils de Créqui. On remarqua, dans les fêtes qui furent données en cette circonstance, que, dans un festin donné chez le duc de Luynes, le duc de Montbazon, beau-père de ce dernier, ne voulut jamais s’asseoir au-dessus de Lesdiguières.
Une seule dignité manquait à Lesdiguières : l’ancien archer de M. de Gordes était devenu maréchal de France, duc et pair du royaume; la charge de connétable était le dernier objet de son ambition. Mais le roi pouvait-il, voudrait-il la donner à l’un de ses sujets qui n’était point catholique? On connaissait bien à la cour l’orgueilleuse faiblesse du maréchal, et l’on ne désespérait pas de l’amener à une abjuration. Deageant, premier président de la chambre des comptes de Grenoble, fut chargé de montrer l’amorce.
A son dire, Lesdiguières la saisit avec avidité ; il promit tout ce qu’on voulut, se montra prêt à rendre les places de sûreté dont il était gouverneur, à ne plus nommer que des catholiques aux emplois dont il disposait. On modéra ce zèle, car on avait encore besoin de son influence sur les églises. L’assemblée, que nous avons laissée à Loudun, allait se transporter à La Rochelle, sans attendre la permission du roi : Lesdiguières et Châtillon s’étaient fait forts d’avoir une réponse à ses cahiers dans le terme de six mois : les six mois étaient écoulés et aucune réponse n’était venue. Lesdiguières s’aboucha avec le duc de Rohan et avec Châtillon pour empêcher les mouvemens des protestans et exhorta l’assemblée de La Rochelle à se séparer. Louis XIII partit pour le Béarn pour faire exécuter ses édits. Il ne rencontra aucune résistance armée, et, parti le 7 juillet, il était de retour à Paris le 9 novembre. Lesdiguières écrivait, le 26 novembre, à Duplessis-Mornay : « Le fait de Béarn a passé, comme vous sçavez, en quoy il y a plus à dire qu’à escrire. Ces gens-là portent la peine de leur faute pour n’avoir creu vostre conseil et celuy de leurs autres amis; Dieu remédiera à tout. » Peu de temps après, il lui écrit encore : « La deffîance se void d’un costé et le courroux de l’autre. Je suis de vostre avis, qu’il faut que quelqu’un se mettra entre deux, et veux bien estre celuy-là; non pour nostre justification envers le roy, qui est offensé, mais pour le rendre flexible à oublier l’offense et à recevoir les très-humbles requestes et remonstrances de ses serviteurs, qui n’ont point pensé à vouloir heurter son auctorité. » (3 janvier 1621.)
L’assemblée, à ce moment, se formait à La Rochelle. Lesdiguières