chevaliers romains, dit-il dans sa préface, ne s’adresse pas seulement à la curiosité des érudits ; c’est l’histoire religieuse, militaire, politique, économique et judiciaire de l’ancienne Rome envisagée d’un point de vue particulier qui permet d’en saisir les grandes lignes et d’en tracer le plan. » Bien plus, il a prétendu faire, comme il le dit encore, une sorte d’étude physiologique. Il a voulu, au lieu de présenter le squelette de l’histoire, pénétrer jusqu’à l’organisme intime, jusqu’aux secrets ressorts, jusqu’au cœur de cette Rome dont le sang s’est perpétué jusqu’à nous. A mesure qu’il avançait dans son examen, il a été frappé du relief que prenait, sous son regard attentif, un des traits caractéristiques de la physionomie romaine, je veux dire le sens pratique, l’esprit positif, calculateur, exact. « Pour le peuple romain, dit-il justement, le chiffre est sacré. Ses institutions ont la solidité des Pyramides ; elles en ont aussi les arêtes nettes et anguleuses. La Rome primitive était carrée : le camp romain aussi était un carré, aux dimensions définies. Le moindre détail dans les rituels religieux, politiques et judiciaires, était fixé avec l’exactitude réglementaire qu’on impose aux mouvemens d’un soldat qui marche en ligne. Il n’était pas plus permis à un plaideur de se tromper d’une virgule qu’au fils d’un général de combattre hors des rangs… Le Romain n’a peut-être pas eu l’esprit de finesse, mais on ne peut lui refuser l’esprit de géométrie. » Un tel peuple pouvait bien être disposé à reconnaître avant tout le lien religieux et le culte des ancêtres : une discipline imposée, sanctionnée par les dieux, n’était pas pour lui déplaire ; mais il devait avoir aussi la prompte et profonde intelligence des conditions pratiques imposées à tout peuple qui veut vivre, grandir et dominer. Rome a eu certainement, en particulier, un instinct naturel de la richesse, avec le clair sentiment de la puissance qu’elle procure et de la force dont elle témoigne. Or c’est ce qui se montre si bien dans l’exposition d’Emile Belot, — dont tel n’est pourtant pas le principal ou du moins d’unique sujet, — qu’il y a là, pour qui ne peut le suivre à travers toute l’histoire politique des chevaliers romains, une occasion tentante de considérer de près avec lui ce qui fut un vrai ressort caché de la vie constitutionnelle et sociale à Rome, c’est-à-dire cette activité financière dont les chevaliers surtout furent les intelligens promoteurs. La fortune privée a été, presque depuis l’origine, une base principale de l’état romain, puisque, dès la constipation qui nous a été transmise sous le nom du roi Servius Tullius, nous voyons le cens déterminer d’après les patrimoines la répartition et la hiérarchie des classes. A peine le marché du monde est-il ouvert par leurs armes, les Romains savent se créer une richesse mobilière considérable, étayée sur une richesse foncière solidement
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