La seconde semaine de mai a vu se continuer le mouvement de reprise générale inauguré pendant la première partie du mois, mouvement très lent, très modéré, au moins sur nos fonds publics, mais dont les progrès successifs représentent déjà une avance considérable sur les cours cotés en liquidation de fin avril. Les transactions ont été restreintes, mais dominées par une influence toute-puissante, l’intérêt de la haute banque au maintien de cours élevés en vue du succès de certaines opérations prêtes à voir le jour.
Au dehors, des rumeurs pessimistes n’ont cessé de circuler touchant la situation des affaires dans la péninsule des Balkans. Puis a surgi, à propos de la participation des industriels hongrois à notre exposition de 1889, l’incident du discours de M. Tisza, qui a eu d’autant plus de retentissement qu’il coïncidait avec la publication officielle des mesures prises par le gouvernement de Berlin concernant l’entrée des Français en Alsace-Lorraine. Cette résurrection du régime suranné des passeports, la campagne de presse menée dans le même temps par les journaux allemands contre la France, et les déclarations discourtoises à notre adresse de M. Tisza dans la chambre de Pest, n’ont pas eu cependant le don d’émouvoir notre marché plus que ne l’avaient fait les simples rumeurs relatives aux affaires orientales.
Il s’est produit lundi une légère réaction, effacée dès le lendemain, et le marché a repris une attitude impassible dans l’attente d’une solution préjugée satisfaisante de l’incident de Pest.
La rente 3 pour 100 s’est élevée de 82.50 à 82.90, et a été ramenée à 82.77 par le double incident des passeports et du discours Tisza. L’amortisiable a progressé de 85.35 à 85,77, le 4 1/2 de 105.67 à 105.75. Depuis le commencement du mois, la hausse est de 0 fr. 67 sur la rente ancienne, de 0 fr. 62 sur l’amortissable et de 0 fr. 30 sur le 4 1/2.
Les incidens politiques ont eu moins d’influence encore sur les fonds étrangers que sur les rentes françaises. L’Italien, à la suite des votes de confiance successivement obtenus par le cabinet Crispi, sur la question financière et sur celle de Massaouah, a été porté de 97.17 à 97.90, et a même dépassé un moment 98 francs. Bien que les journaux autrichiens et allemands aient au nonce l’imminence de