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erremens du mois d’octobre ; de nouveau, on se loue de la courtoisie de M. le Prince[1]. Lui aussi était las de cette campagne d’hiver succédant à celle d’été, avec les continuelles excursions dans la neige et dans la boue, moins de périls, mais plus de fatigue et pas de gloire. Il avait besoin de repos et peut-être soif de plaisir, une certaine hâte de se retrouver à Paris. Le séjour de Saint-Germain n’était pas gai. Les visites à la Duriez, qui tenait cabaret au pont de Saint-Cloud, n’offraient qu’une médiocre distraction, et la santé de M. le Prince s’en était ressentie.

On se heurtait au même obstacle : « Point de Mazarin ! » répétaient les parlementaires, et là-dessus la Reine n’entendait pas raison. Encore une fois, le cardinal consent à rester dans la coulisse, et les députés de Paris, se contentant de ne pas le voir, traitent effectivement avec lui. Deux points importans furent bien résolus : la Bastille et l’Arsenal remis au Roi, les troupes du parlement licenciées. Du reste, on ne peut lire les conditions de la paix de Rueil (12 mars) sans se demander quelles avaient pu être les causes de la guerre. De part et d’autre, tout était abrogé, arrêts du parlement comme arrêts du conseil ; les biens ou meubles saisis étaient rendus, les prisonniers délivrés, les poursuites arrêtées ; et, pour achever de tout remettre au même point, le Roi confirmait la déclaration d’octobre. L’enregistrement du traité se fit attendre un mois[2] ; tout était compliqué, entravé par l’orgueil, la cupidité des soi-disant généraux de Paris, leurs prétentions inouïes pour eux, leurs amis, leurs familles. Les honneurs, les dignités furent prodigués à ces rebelles médiocres ; quant aux pensions et gouvernemens, on s’en tint aux promesses, avec réserve mentale. Il y a là un élément nouveau, une corde que Retz et Mazarin vont tous deux faire vibrer pour en tirer des sons différens.


V. — LE COMMANDEMENT DE L’ARMEE. — LE RETOUR DU ROI (18 AOUT).

Enfin tout est replâtré, mais tout reste fragile ; le ciel s’est éclairci à l’intérieur, mais l’accalmie sera éphémère ; il n’est que temps d’en profiter pour conjurer l’orage, qui de nouveau gronde au dehors, de remettre la main à l’œuvre un moment interrompue, et de consacrer nos forces à relever, à constituer la barrière qui

  1. Perrault à Girard, 1er mars. A. C.
  2. Traité signé le 12 mars, enregistré le 11 avril.