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LE CENTENAIRE
DE
L'ASSEMBLEE DE VIZILLE

21 JUILLET 1788.

Le siècle est fini et les apothéoses commencent. Tous les événemens vont repasser devant nos yeux, avec une lenteur impitoyable, comme en une revue fantastique défilent les guerriers morts. Chacune de nos dates se lèvera à son tour, ressuscitant avec elle tout un monde de souvenirs, les uns pleins d’illusions, d’espérances et de promesses, les autres de menaces, d’autres enfin tout dégoûtans de haine et de sang.

L’assemblée de Vizille a été le signal de la révolution française. Dans quelques jours, on célébrera, à Vizille même, les cent ans écoulés ; on parlera de nos pères, de leur patriotisme, de leurs vertus, des libertés conquises, du despotisme écrasé. Ce sera le premier des anniversaires ; il nous rappellera ces conciliations de la première heure, qui n’évoquent en nos âmes que des images paisibles. Dans cette apparition du passé, il nous semblera entrevoir pour un instant la véritable figure de 89, souriante et animée, pleine de grandeur et d’espoir, celle qui a ravi nos pères, dont le souvenir les a soutenus dans la mauvaise fortune et qu’aucune déception n’a pu effacer de leurs cœurs.

Ensuite les mois s’écouleront, le bruit deviendra plus fort,