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de la colline orientale, s’étendit rapidement vers l’Ouest, remplit l’intervalle des deux collines, et couvrit l’autre mamelon qui était plus large. Le mur offrait au Nord une ligne à peu près droite allant du temple à la porte d’angle, qui répondait à peu près à la porte actuelle de Jaffa. L’angle était sûrement marqué par quelque gros ouvrage, qu’a remplacé plus tard l’imposante tour nommée aujourd’hui el-Kalaa. Le mur se dirigeait ensuite vers le Sud, longeant la naissance des pentes, jusqu’à l’extrémité de la colline occidentale, qu’il contournait. Le mur descendait alors et allait rejoindre les dernières pentes de la ville de David, vers les tombeaux de la famille royale. Cela faisait comme étendue à peu près la moitié de la ville actuelle ; mais l’aire de la ville ancienne et l’aire de la ville moderne ne coïncidaient pas ; car le mur embrassait, au Sud, des parties que l’enceinte du moyen âge a laissées en dehors. Un tel périmètre devait pouvoir contenir une population d’environ 10,000 habitans.

En même temps que se poursuivaient ces grands travaux publics, le roi faisait rebâtir entièrement la maison forte, mais petite, qui avait suffi à la royauté naissante de David. Les constructions durèrent treize ans, dit-on. Certains palais de Karnak, de Louqsor, surtout de Médinet-Abou, peuvent encore donner quelque idée du palais de Salomon.

D’abord il y avait ce qu’on appelait oulam ha-ammoudim, la « salle des colonnes, » sorte de galerie à piliers avec un perron. Cette salle servait de propylées à l’oulam hak-kissé, salle du trône, où le roi rendait la justice et donnait ses audiences solennelles. Cette dernière salle était lambrissée de cèdre ouvragé, depuis le plancher jusqu’au plafond.

Le trône, posé sur une estrade de six marches, passait pour une merveille. Il était revêtu d’ivoire, incrusté d’or, et surmonté par derrière d’une sorte de niche ronde. Les bras posaient sur des lions. Douze autres lions étaient rangés sur les marches, six de chaque côté. Le buffet du roi n’excitait pas moins d’admiration. Toute la vaisselle était d’or pur. « Rien n’était d’argent ; l’argent n’était compté pour rien du temps de Salomon. »

Voilà la partie, en quelque sorte publique, ouverte à tous. Puis venait, dans une autre cour, l’habitation du roi, décorée comme la salle du trône ; puis le palais de la reine, fille de Pharaon, analogue aux salles précédentes ; puis le harem, dont le narrateur, selon l’usage de l’Orient, ne fait aucune mention. Le palais de Salomon était entouré, comme le temple, d’une enceinte formée au moyen de trois rangées de pierres de taille, surmontées de poutrelles de cèdre, qui formaient probablement une espèce d’auvent. Outre ce grand ensemble de bâtimens, rattachés les uns aux