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ESSAIS
D'HISTOIRE RELIGIEUSE

V.[1]
L’AFFAIRE DE L’AUTEL DE LA VICTOIRE.

Saint Augustin, qui était témoin des dernières convulsions du paganisme, dit quelque part « que l’ancien culte ne cherchait qu’à mourir avec éclat. » S’il est vrai qu’il ait eu cette suprême ambition, il faut reconnaître qu’elle n’a pas été trompée. D’ordinaire les religions périssent obscurément : quand la faveur publique les a délaissées, et qu’à la haine qu’elles excitaient a succédé l’indifférence, elles s’enfoncent tous les jours dans les étages inférieurs de la société, où elles conservent un plus grand nombre de partisans, et l’ombre tombe peu à peu sur elles. Le paganisme a eu au moins l’heureuse chance de provoquer, avant de disparaître, un débat solennel. Cette grande lutte, dont l’autel de la victoire fut le prétexte, et qui mit aux prises deux des plus grands esprits de ce siècle, a été souvent racontée par des écrivains de talent. Je me permets pourtant d’y revenir, en me servant de quelques publications nouvelles, qui nous aideront, je crois, à la mieux comprendre[2].

  1. Voyez la Revue du 15 février et du 1er juillet 1886, du 1er août 1887 et du 1er janvier 1888.
  2. La plus importante de ces publications est l’édition nouvelle des œuvres de Symmaque, que M. Seeck a donnée dans les Monumenta Germaniœ historica, et l’excellente préface qui l’accompagne et qui fait mieux connaître les grands personnages du siècle où Symmaque a vécu.