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L’ÉPOUSÉE

DEUXIÈME PARTIE[1].

V.

Après le quasi-tragique impromptu nocturne dont le parc de La Baronnie avait été le théâtre, et dès le lendemain matin, Max de Pontvicq s’était enfui, invoquant un prétexte plus ou moins plausible pour déguiser tant bien que mal, aux yeux de Mme de Talayrac, une situation suspecte. Et il était allé, tout droit, sans même traverser Paris, s’enterrer dans son petit domaine de La Falconnière, au grand étonnement des braves gens qui en avaient la garde.

Ce qui ressortit après coup, pour la baronne de Talayrac, des explications précipitées que lui avait fournies son hôte fugitif, c’est qu’il n’avait pas été encouragé par les déclarations de Simone et qu’il préférait couper le mal dans la racine en s’éloignant au plus tôt. — Si peu satisfaite que pût être la mère de Robert, elle n’avait rien à objecter ni à Max ni à Simone, et elle était bien obligée de prendre son parti d’une déconvenue d’ailleurs pressentie. Mais elle était armée pour la lutte, armée formidablement : elle tenait les cordons de la bourse et avait la tête dure.

Quant au châtelain de La Falconnière, il arriva dans sa terre, meurtri, brisé, anéanti par la déception suprême qui le contraignait de mépriser, en même temps que l’humanité entière, la seule créa-

  1. Voyez la Revue du 15 août.