cas, la difficulté de reproduire la maladie expérimentalement chez les animaux, à l’aide des cultures du fameux bacille en virgule, a laissé planer quelques doutes sur le rôle attribué à ce microbe. A vrai cure, cette considération est peu valable, et il est aujourd’hui assez généralement admis que M. Koch a vraiment trouvé le microbe du choléra. L’histoire de ce microbe est d’ailleurs bien intéressante à deux points de vue, par son mode d’action sur l’organisme et par son genre de vie en dehors de l’organisme. En effet, contrairement à ce que l’on observe d’habitude dans les maladies microbiennes, l’organisme atteint n’est pas pénétré par le bacille cholérigène, qui se développe seulement à la surface de l’intestin : d’où cette conséquence que les symptômes de la maladie sont produits par des substances toxiques de la nature des ptomaïnes, qui sont sécrétées par les microbes, ou, plus simplement, qui résultent de leur végétation sur des membranes dont la fonction d’absorption est, comme on sait, très active ; et nous avons vu plus haut comment M. Gamaleïa a confirmé cette hypothèse en prouvant, par la vaccination à l’aide de cultures stérilisées, l’existence de ces substances toxiques. Bien que d’origine parasitaire, le choléra serait donc en même temps un véritable empoisonnement, conception qui concorde bien avec la rapidité, souvent foudroyante, de la maladie. En dehors de l’organisme, le bacille en virgule serait d’une grande susceptibilité, due à cette circonstance qu’il ne produit pas ces spores qui constituent la forme BOUS laquelle les microbes résistent énergiquement à l’action destructive des agens extérieurs, chaleur, lumière, dessiccation, oxygène, etc. Aussi ne peut-il se perpétuer que dans l’eau, et encore à cette condition que l’eau ne soit pas putride, car sinon il ne tarderait pas à succomber dans la lutte pour l’existence qu’il aurait à soutenir contre les microbes de la putréfaction. Peut-être ces différens points ne sont-ils pas encore bien éclaircis, mais ils cadrent assez bien, dans leur généralité, avec les allures des épidémies de choléra, qui marchent volontiers dans la direction des cours d’eau, et avec le rôle, incontestablement reconnu, des eaux d’alimentation souillées par les déjections des cholériques, dans la transmission de la maladie.
Une autre maladie, qui paraît aussi se transmettre le plus souvent, sinon toujours, par les eaux d’alimentation, c’est la fièvre typhoïde. Celle-ci nous touche de bien plus près que le choléra, car c’est un ennemi qui est toujours à nos portes, et ses coups, pour être moins bruyans que ceux des grandes épidémies, ne laissent pas cependant que d’être plus terribles. Dans les grandes villes, on dit que la fièvre typhoïde est endémique, ce qui revient à dire que nous y vivons constamment au milieu d’épidémies sujettes, de temps à autre, à des recrudescences, sous l’influence de