« J’ai besoin d’un confident, écrivait, au mois de mars 1852, le baron de Varenne, notre ministre à Berlin, à M. Thouvenel, le directeur politique au département des affaires étrangères, j’ai besoin d’un conseiller, de quelqu’un qui comprenne mes dépêches, qui me fasse remarquer que tel mot n’est pas à sa place, que tel autre est répété, que je puisse envoyer aux enquêtes, aux éclaircissemens, qui inspire confiance par sa tenue, qui ait la fibre sèche, le feu sacré des affaires ; enfin, qui, comme moi, se lève à six heures du matin. Si vous le trouvez, envoyez-le-moi. Il est essentiel qu’il sache l’allemand : ainsi, j’ai reçu hier, à quatre heures du soir, un billet très insignifiant du général de Wrangel, et ce n’est que ce matin, lorsque le chancelier est venu à son heure habituelle, à neuf heures, que j’ai pu savoir ce qu’il contenait[2]. »
Cette lettre décida du cours de ma carrière. Je traversais Paris pour me rendre à Madrid, où je venais d’être nommé second secrétaire, au moment même, où M. de Varenne réclamait un secrétaire matinal et grammatical. M. Thouvenel connaissait à fond le