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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 89.djvu/653

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liquides qui poussent d’instant en instant des bulles de gaz hydrogène qui ont jusqu’à 1 pied de diamètre ; elles s’enflamment quelquefois. Alors, dans cette violente commotion, la boue se déverse de toutes parts, par-dessus les bords ; mais en temps calme le superflu s’échappe par une petite goulette : excavée dans l’un des flancs de l’enceinte cratérique. Des sources de naphte de 14 degrés Réaumur de température jaillissent à 150 pas du tumulus-cratère au milieu d’une boue fine d’un noir charbonneux formant un filet d’eau qui passe entre le tumulus et une esplanade élevée. Sa surface présente le spectacle le plus bizarre que l’on puisse imaginer : on croit voir les cheminées de l’enfer ; la croûte du sol étant percée de trous noirs surmontés de petits cônes boueux, du milieu desquels s’échappent la boue et les bulles du gaz hydrogène. Les points où les bulles se dégagent n’ont pas une température plus élevée que 11°, 8 Réaumur. Au reste, le sol tremble sous les pas, et l’on craint de s’enfoncer dans le centre de la terre. » J’ai cru devoir reproduire en entier ce passage du savant voyageur français, parce qu’il donne une idée fort exacte des spectacles curieux, assez fréquens dans les vastes régions pétrolifères de la Russie, où les violens dégagemens gazeux se trouvent combinés avec les phénomènes volcaniques.

A l’est du système hydrographique du Kouban se présente celui de Terek, assez riche en gîtes de naphte. En 1871, le domaine du Terek contenait cent soixante-douze puits, qui fournissaient annuellement 526,270 kilogrammes de pétrole. Par sa lisière orientale, le domaine naphtifère du Terek touche à la bande littorale comprise entre Petrovsk et la presqu’île d’Apcheron ; elle renferme de nombreuses sources de naphte, mais, ici encore, le montant du produit n’est pas toujours rémunérateur.

Il résulte du coup d’œil rapide que nous venons de jeter sur les gîtes d’huiles minérales du Caucase, que, pour le moment, ils ne semblent guère offrir de chances d’exploitation lucrative ni au nord ni au sud de cette chaîne ; toutefois, il ne faut pas oublier que la région où ils ont été constatés sur plusieurs points a une surface d’environ 30,000 kilomètres carrés, qui est loin d’avoir été complètement explorée, et par conséquent pourrait être beaucoup plus riche qu’on ne l’avait cru jusqu’à aujourd’hui. Quant au littoral nord-est de la Mer-Noire, entre Poti et Djuba, le pétrole paraît y faire défaut. D’autre part, sa présence a été constatée, sur plusieurs points de la steppe qui s’étend au nord de la Caspienne, mais qui malheureusement est encore peu connue.