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individualités, MM. de Rothschild, le duc de Westminster, le duc de Sutherland, le duc de Northumberland et le marquis de Bute ; si elle n’occupe, sur cette liste, que le troisième, le sixième, dixième, onzième et douzième rang, en revanche, elle possède à elle seule un nombre de millionnaires double de celui que compte aucun autre pays, sans en excepter l’Amérique, qui la dépasse quant aux chiffres de ses fortunes individuelles.

En dehors de cette élite très restreinte de millionnaires, comment se répartissent, en Angleterre, les revenus de la classe aisée, de cette catégorie d’industriels, commerçans, gens de professions libérales, vivant, non plus de rentes provenant de capitaux accumulés et placés, mais de leur travail quotidien ? La cédule D de l’income-tax répond à cette question. Elle constate, en effet, que le nombre de ceux qui retirent, soit de leur profession, soit de leur industrie, un revenu annuel de


10,000 à 25,000 francs, est de 47,735
25,000 à 50,000 12,274
50,000 à 75,000 3,861
75,000 à 100,000 1,774
100,000 à 125,000 1,008
125,000 à 250,000 1,896
250,000 à 1,250,000 1,036
1,250,000 et au-dessus 86

Il importe, toutefois, de tenir compte des dissimulations d’usage, et, pour arriver à des chiffres aussi exacts que possible, de majorer de 30 pour 100 les déclarations faites par les intéressés. Il en résulterait donc que le grand commerce, la grande industrie et les professions libérales lucratives que l’on peut encadrer entre les chiffres de 25,000 et de 250,000 francs de revenus (en réalité, 34,000 à 325,000) comprennent environ 21,000 personnes ; 1,122 jouissent de gros revenus, supérieurs à 325,000 fr. par an, et de ce nombre 86 seulement retirent de leur profession ou de leur industrie un revenu réel supérieur à 1,650,000 francs par année. Il résulte également de l’examen de la cédule E, qui comprend les traitemens, pensions, salaires et gages payés par l’état et les sociétés, que 3,000 personnes seulement touchent un traitement annuel supérieur à 25,000 francs ; que 599 reçoivent une somme supérieure à 50,000 ; que 123 enfin émargent plus de 100,000 francs, et encore y a-t-il lieu de déduire de cette catégorie les personnes morales, telles que les universités, les corporations et les églises.