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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La cherté des reports en liquidation de fin septembre a interrompu le mouvement de hausse et déterminé de nombreuses réalisations à Paris, et plus encore à Berlin et à Londres, où les engagemens des acheteurs étaient plus considérables que chez nous. Sur ces deux places on a payé 8 à 10 pour 100 pour un assez grand nombre de valeurs. L’élévation simultanée du taux de l’escompte par les deux Banques d’Angleterre et de France est venue accentuer encore la réaction, qui a été très vive sur notre rente 3 pour 100 et sur quelques fonds étrangers. Il est vrai que des rachats ont rendu depuis une certaine fermeté aux diverses places où la baisse venait de sévir pendant une semaine. Néanmoins, l’impression produite par le renchérissement de l’argent ne s’est pas encore effacée ; elle empêchera probablement de quelque temps une reprise sérieuse.

L’escompte est à 5 pour 100 à Londres, à 4 1/2 à Paris, à 4 pour 100 à Berlin. La Banque impériale d’Allemagne et la Banque de France ont cédé quelque peu d’or, et la situation de la Banque d’Angleterre s’est trouvée de ce chef légèrement améliorée. On a cessé de redouter des retraits d’or immédiats pour l’Amérique du Sud et pour la Russie. Les taux sur le marché libre se sont même déjà détendus. Il reste donc uniquement une crise passagère et peu profonde de spéculation ; on liquide aussi bien que possible les opérations des trois derniers mois. Quant aux valeurs dites de placement, elles se sont à peine ressenties de la secousse subie par les marchés à terme.

Un des résultats les plus directs de la hausse de l’argent, hausse qui était d’ailleurs prévue et n’a nullement surpris la haute banque, sera sans doute un temps d’arrêt imposé au courant des émissions. Le dernier des emprunts argentins, 30,000 obligations 6 pour 100 de la province de Catamarca, est arrivé trop tard. L’heure propice était passée. De plus, le patronage laissait à désirer. Les capitalistes ont prouvé que toute enseigne n’est pas également bonne lorsqu’il s’agit d’appels à l’épargne. La souscription a échoué. La province de Catamarca et les autres provinces, qui se préparaient à tendre l’escarcelle, devront laisser passer quelque temps avant de constituer leurs banques provinciales avec des capitaux européens.

Cet insuccès n’a pas découragé cependant le Comptoir d’escompte de Paris, le Crédit industriel et commercial et la Société générale, qui, de