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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La réaction provoquée en octobre sur les rentes françaises par la rentrée des chambres et par l’annonce des propositions fiscales du gouvernement, notamment de l’impôt général sur le revenu, a été arrêtée par la facilité relative avec laquelle s’est effectuée la liquidation. Les taux de report se sont maintenus assez élevés, et ni la Banque d’Angleterre ni la Banque de France n’ont abaissé le taux de l’escompte. Mais le prix du loyer de l’argent s’est détendu sur le marché libre à Londres. Les disponibilités restent abondantes, et la spéculation à la hausse n’a pas abandonné ses positions.

Toutefois, les affaires ont été languissantes pendant les premiers jours de novembre. Il n’est guère permis de penser, en présence d’une recrudescence des demandes d’or pour l’Amérique du Sud, que la Banque d’Angleterre, quelque anormal que soit l’écart entre son taux d’escompte et celui des autres banques du pays, puisse se résoudre, en décrétant un abaissement à 4 pour 100, à faciliter de nouvelles attaques contre sa réserve déjà si affaiblie. D’autre part, la Banque de France, voulant défendre son or, n’entend point prendre l’initiative d’une réduction. Il faut donc se résigner à une prolongation de la situation actuelle.

Aussi bien, le défilé des emprunts pour l’Amérique du Sud, interrompu pendant quelques jours, a repris son cours. On a vu la Banque russe et française émettre une seconde série d’obligations pour la Banque de Crédit foncier et agricole de la province de Santa-Fé (république argentine) et la Banque parisienne offrir au public trente-trois mille obligations plus ou moins hypothécaires d’une Compagnie de chemins de fer de Bahia-Minas avec la garantie de la province de Minas-Geraes (Brésil). Il y aura donc encore, si ces emprunts sont sérieusement souscrits, de fortes quantités d’or à expédier pour le nouveau continent.

Mais l’importance de ces opérations est complètement éclipsée par celle d’autres emprunts qui verront le jour dans un délai plus ou moins rapproché. L’emprunt russe, dont il avait été si souvent question depuis plusieurs mois, et qui avait donné lieu à de fréquens démentis, est, paraît-il, définitivement conclu. Les contractans sont ; à Paris, la