ce qu’on disait des préfets français, de 1852 à 1870 : des empereurs au petit pied. Des conseils-généraux élus pour quatre ans, qui votent les dépenses et les moyens d’y subvenir, avec l’agrément du préfet (ils touchent des frais de voyage et de séjour) ; publicité des séances, sessions ordinaires de trente jours, commissions permanentes, conseils d’arrondissement, bureaucratie florissante et envahissante, que de points de ressemblance, que de plagiats ! À To-Kio (Yeddo), deux préfets, comme à Paris, le préfet de Tokio et le préfet de police, nommés par décret impérial ; puis quinze Kus (communes ou divisions urbaines) et six Gouns (arrondissemens ruraux), administrés les uns par des Ku-Tchos, les autres par des Goan-Tchos. Au-dessous du Goun-Tcho, des Ko-Tchos, chargés d’administrer plusieurs Matchi (villages) et Mura (champs) ; un corps de sapeurs-pompiers sous les ordres du préfet de police ; un conseil-général de soixante-quinze membres subdivisé en deux sections, la section du Ku (section des communes urbaines) et la section du Goun (section d’arrondissemens ruraux) ; commission permanente ; enfin, des conseils du Ku, conseils des communes urbaines, et des conseils du Tchô-Son (conseils réunis de villages et de champs).
Le portrait de M. de Tocqueville ressemble de moins en moins à l’original ; l’Union ne peut plus être rigoureusement définie : une confédération d’états, d’églises et de communes souverains, et cependant le self-government y demeure plus puissant, plus vivace qu’en aucun pays[1]. On ne peut nier que les grandes villes s’acheminent vers la centralisation : l’administration des pauvres, des écoles, des hospices y passe à des bureaux spéciaux que nomment directement les citoyens ; les nouvelles chartes statuent parfois que les emprunts votés par la municipalité devront obtenir l’approbation des chambres de l’état. À New-York, la charte municipale de 1874 assure la prépondérance au maire en lui conférant la nomination des principaux officiers de la ville, sans avis préalable de la corporation ; elle crée aussi un bureau de répartition, chargé de contrôler les prévisions budgétaires et les dépenses. Mais ici, comme en
- ↑ Bulletin et Annuaire de la Société de législation comparée, année 1882. — Claudio Jannet, les États-Unis contemporains, 4e édit. ; Plon. — Joseph Ferrand, les Pays libres ; C. Seamen, le Système du gouvernement américain ; John Hopkins University studies, Études sur le gouvernement municipal à Boston, Saint-Louis, Philadelphie, 1887. L’intéressant ouvrage de M. Émile Daireaux sur la Plata, 2 vol. in-8o ; Hachette, 1887. Je dois remercier ici M. le duc Torlonia, M. W.de Likhatscheff, M. le maire de New-York et M. Harat, premier secrétaire de la légation du Japon, qui ont bien voulu me fournir de très utiles renseignemens sur les institutions municipales de leurs pays.