La seconde opération extérieure eut pour théâtre, beaucoup plus à l’est, la vallée de l’Oued-Kebir et le cercle de Philippeville. Un chérif, prédicateur de guerre sainte, y était apparu, vers la fin d’avril; c’était un Marocain, khouan de la secte de Mouley-Tayeb; il se nommait Ahmed-ben-Jamina. En peu de temps, il avait réuni 200 cavaliers et 1,500 hommes de pied, avec lesquels il se faisait fort d’enlever le camp d’El-Arouch. Sa tentative échoua sans que l’échec fît tort à son influence, de sorte que tous les montagnards des environs de Philippeville et de Collo, même ceux du Zouagha, excités par les frères Ben-Azzeddine, se déclarèrent en faveur du chérif. A la nouvelle de cette insurrection, le général Herbillon, commandant la province de Constantine, réunit un corps expéditionnaire de 4,200 hommes, à la tête duquel il marcha d’abord contre le Zouagha, qui ne fit pas une longue résistance, les Ben-Azzeddine ayant eu soin de se dérober, puis contre les autres adhérons de Ben-Jamina. Sur ces entrefaites, le chérif, qui s’était aventuré avec peu de monde à trois lieues seulement du camp de Smendou, fut surpris et tué par une reconnaissance sortie du camp. Ce dénoûment subit d’une intrigue d’ailleurs peu compliquée permit au général Herbillon de transformer, selon les instructions ministérielles, en simple tournée de police une opération qui avait dû commencer par être une exécution militaire.
Au moment même où la colonne rentrait à Constantine, le colonel Canrobert se disposait à sortir encore une fois d’Aumale, afin de punir ces turbulens et fantasques Beni-Yala, qui, moins de six semaines auparavant, faussant compagnie aux Guechtoula, s’étaient tirés d’affaire vis-à-vis du général Blangini avec des espérances et des promesses auxquelles ils ne s’étaient pas moins empressés de faillir. Le colonel réunit donc deux de ses bataillons de zouaves, commandés le 1er par le commandant de Lorencez, le 3e par le commandant de Lavarande, deux autres bataillons d’infanterie, un du 12e de ligne, l’autre du 51e, une section d’artillerie de montagne, un petit détachement de sapeurs, un escadron de spahis, une compagnie du train. L’effectif de la colonne était de 65 officiers et de 2,780 hommes de troupe. Sortie d’Aumale, le 2 juillet, elle arriva, le 4, au pied d’un contrefort du Djurdjura, au-dessus duquel s’élevaient les principaux villages des Beni-Yala, Sameur, Amboude, Adjiba. Sameur était protégé par un retranchement en pierres sèches couronné d’un amas de broussailles épineuses, d’un développement de 150 mètres. Le 5, à deux heures du matin, deux compagnies de zouaves, soutenues par le bataillon du commandant de Lorencez, se lancèrent à l’attaque sous une grêle de balles, tournèrent le retranchement et refoulèrent les défenseurs dans le village que canonnait la section de montagne. Sameur et Amboude