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perdu, et sont à environ 10 francs de leurs cours d’il y a quinze jours. Les actions ont reculé de 265 à 210 et ont repris à 230.

La rente française avait été portée, au milieu du mois, à 83.25, sur l’annonce de la conclusion de l’emprunt russe. C’était une reprise de 0 fr. 75 sur les cours du commencement de novembre. Les réalisations ont alors commencé à peser sur les cours. Il a été successivement allégué par les vendeurs que les marchés allemands étaient mal engagés, surchargés à la hausse, encombrés de valeurs étrangères que la spéculation ne réussissait pas à repasser au public, que la crise monétaire devait fatalement s’aggraver à Londres et conduire à l’adoption, par la Banque d’Angleterre, du taux d’escompte à 6 pour 100, enfin que, les tristes incidens intérieurs se multipliant dans le pays et dans la chambre, la politique elle-même allait forcément faire de nouveau irruption dans les calculs de la spéculation et dans les projets de la haute banque.

Le discours du trône, lu à l’ouverture du Reichstag allemand, a, sur ces entrefaites, dissipé les appréhensions se rattachant aux affaires du dehors. Les déclarations pacifiques de Guillaume II ont produit une bonne impression à Berlin et à Vienne et rasséréné les esprits, toute la presse étrangère à insisté sur le caractère rassurant du langage tenu par le jeune empereur à la représentation nationale allemande, et le maintien de la paix a paru plus solidement garanti que jamais. L’accueil fait par le cabinet Crispi au nouvel ambassadeur français près de la cour de Rome a contribué encore à accentuer cette détente générale.

D’un autre côté, la situation monétaire s’est plutôt améliorée qu’aggravée. Les retraits d’or à la Banque d’Angleterre ont diminué d’importance, et des dépêches de New-York ont annoncé l’envoi de 20 à 25 millions de francs de ce port à destination de l’Europe. La liquidation s’est effectuée sans difficultés sérieuses à Londres et à Berlin, et les taux de report chez nous ne semblent pas devoir dépasser ceux du mois précédent.

Les choses étant ainsi, il est fort probable que nos fonds publics auraient conservé une attitude plus ferme, n’était la préoccupation des incidens intérieurs et le souci de la situation de l’entreprise du Panama ; et, d’autre part, que ces deux derniers facteurs auraient entraîné bien plus vivement la rente, si la haute banque n’avait un grand intérêt à soutenir les cours pour la réussite de l’emprunt russe.

Le 3 1/2 pour 100 a reculé d’abord de 83.22 à 82.60 ; il s’est relevé bien vite à 83 francs, pour revenir à 82.90, dernier cours dans la journée du 29. L’amortissable ne s’est pas écarté sérieusement du cours de 86 francs. De grosses ventes ont, au contraire, déprimé le 4 1/2, fonds voué à la conversion dans un petit nombre d’années, et qui de 104.70 a reculé au-dessous de 104.