voudra, et aussi pour des causes sur lesquelles il vaut mieux ne pas s’appesantir. On peut être certain, du moins, que les abus signalés pendant la guerre de 1870-1871 ne se renouvelleront plus. Le décret du 3 juillet 1884 y a mis ordre dans l’article 4 : « Nul ne peut être employé par la Société de secours s’il n’est Français ou naturalisé Français, et s’il n’est dégagé de toutes les obligations imposées par la loi du 27 juillet 1872 sur le recrutement de l’armée, et par la loi du 3 brumaire an IV sur l’inscription maritime ; » en d’autres termes, s’il n’a épuisé les différens modes du service militaire que tout Français doit actuellement à son pays.
Pour obvier, dans une mesure, aux inconvéniens que je viens d’indiquer et qui ont préoccupé les sociétés de la Croix rouge en Europe, on distribue aux hommes sur lesquels on est en droit de compter, lorsqu’il s’agira d’aller prendre le « service de santé de l’armée, n un livre publié par l’initiative du comité de Nancy, comité de frontière qui se tient prêt à tout événement. C’est un Manuel du brancardier[1], qui est la propriété de la Société de secours. Je l’ai lu avec une extrême attention, et j’estime qu’il est excellent. Il me paraît impossible de réunir en 194 pages in-16 plus de notions meilleures, à la fois très précises, très claires, sans pédantisme, à la portée de toutes les intelligences et aptes à faire un brancardier modèle de celui qui s’en sera pénétré. Les gravures ont la valeur explicative d’un plan d’architecture ; on n’a rien sacrifié au pittoresque, on n’a cherché que l’exactitude, une exactitude que l’on peut qualifier de scientifique, et on l’a saisie. Dans ce petit volume pratique, on apprend bien des choses. Pour me servir d’une expression de troupier, je dirai qu’il est avant tout « débrouillard ; » il enseigne à utiliser les pièces de l’équipement même du blessé pour lui venir en aide. Après avoir lu les explications du docteur Gross et regardé les planches de M. Auguin, on saura se servir du ceinturon, des bricoles du sac pour faire un pansement; employer le sabre, les piquets de tente pour remplacer des attelles ; on saura construire un brancard avec deux fusils reliés à distance par leurs bretelles disposées en double croix. Je ne par e pas du mouchoir, ni de la cravate, ni de la ceinture de laine, ni de la capote, qui, plies de certaines manières, se prêtent à des combinaisons où le soldat blessé trouvera du soulagement. C’est plus que le manuel, c’est le code du brancardier, et j’entends du brancardier apte à reconnaître une blessure, expert à un premier pansement, adroit et habile au transport. Si jamais on établit des
- ↑ Manuel du brancardier, par le docteur F. Gross, professeur à la faculté de médecine, membre du comité, avec 92 dessins originaux, dont 23 tirés hors texte, par E. Auguin, ingénieur des mines, membre du comité. Nancy, au siège du comité, 1884.