En revanche, l’énergie de Bou-Ziane ne parut pas fléchir. Pendant le combat d’Ourlal, la gauche des attaques avait été vigoureusement assaillie ; la garde de tranchée s’était laissé surprendre ; après avoir renversé les parapets, bouleversé les travaux, les Arabes étaient rentrés en triomphe dans la place, aux acclamations joyeuses des femmes émerveillées, agitant au-dessus de leurs têtes des fusils français, des gibernes, des outils, des habits d’uniforme. Cependant Bou-Ziane ne pouvait se faire illusion : le dénoûment était proche.
Les pièces de 12 avaient été mises en batterie. Une troisième brèche était ouverte au nord. De ce côté, le fossé, beaucoup moins profond, avait permis aux sapeurs d’établir un fourneau de mine au pied de l’escarpe et de faire sauter le chemin de ronde. Mais voici qu’en plein jour, le 24 novembre, à onze heures, la tranchée est subitement envahie. Bou-Ziane a très bien choisi le moment ; c’est l’heure où d’habitude on change la garde. En effet, les chasseurs du 5e bataillon attendent d’être relevés par les camarades du 8e; ils n’ont plus l’œil au guet, ils sont surpris. Les premiers sont décapités; les autres reculent d’abord, se rallient et rentrent dans la tranchée, où les femmes de Zaatcha, excitant les hommes, s’acharnent sur les blessés comme des hyènes. Le clairon sonne; les chasseurs du 8e les tirailleurs de Bourbaki accourent ; on se bat corps à corps ; les ksouriens cèdent, évacuent les sapes, mais continuent la lutte d’enclos en enclos ; enfin ils se retirent, les uns dans la place, les autres vers Lichana. Dans cette rude affaire, les chasseurs ont perdu trois de leurs officiers ; un lieutenant d’artillerie a été frappé mortellement.
Le 25 fut une journée de calme, la dernière. Le lendemain était le jour de l’assaut. Voici les dispositions faites : trois brèches, trois colonnes. A droite, au nord, 250 chasseurs du 5e bataillon, 100 grenadiers et voltigeurs du 16e de ligne, 530 zouaves, le colonel Canrobert; au nord-est, au centre, 450 chasseurs du 8e bataillon, 400 hommes du 38e de ligne, 100 zouaves, le colonel de Barral; au sud-est, à gauche, 630 hommes du 8e de ligne, 250 du 43e, le lieutenant-colonel de Lourmel. Chacune des colonnes est précédée d’un détachement de sapeurs et suivie d’une section de montagne. Le colonel Dumontet commande le service de tranchée. Le commandant Bourbaki, avec ses 1,600 tirailleurs indigènes, 200 chasseurs du 5e bataillon et 400 hommes du 51e de ligne, a pour mission de tourner l’oasis et de surveiller au sud l’unique débouché de Zaatcha. Le colonel de Mirbeck a la garde du camp ; il doit faire battre les environs par de fortes patrouilles de cavalerie.