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juive. » On pourrait aussi lui disputer le droit, dans l’illustration même de son livre, de nous présenter comme des «restitutions» de l’antique des scènes de mœurs dont l’authenticité de chaque détail ne fait pas du tout que l’ensemble ne soit purement imaginaire. Mais, après cela, le livre, intéressant, amusant, instructif à feuilleter, ne l’est guère moins à lire, et, si même il fait penser, que lui demanderons-nous davantage? D’être mieux imprimé peut-être, mieux illustré surtout, par d’autres procédés, qui S3ntent moins la hâte, la publication « populaire », et plus dignes enfin de la majesté des monumens, de la grandeur des scènes, et de l’étrangeté des mœurs qu’ils doivent représenter.

Ce luxe simple et sévère de l’illustration et de l’impression, qui fait l’une des beautés de l’Histoire des Grecs[1] de M. Victor Duray, en est sans doute le moindre mérite; et s’il est un livre pour lequel nous regrettions que la place nous soit mesurée, c’est celui-là. Car, maintenant qu’elle est terminée, cette Histoire des Grecs et qu’avec l’Histoire des Romains, qui la continue, elle forme le plus beau corps d’histoire ancienne qu’il y ait, le plus complet surtout, il y aurait plaisir à en dire ce qu’en pensent tous ceux qui l’ont lue, et qui savent ce qu’ils doivent à M. Victor Duruy. Mais, selon le mot de l’historien, il vaut mieux ne rien dire de Carthage que d’en parler faiblement; et, plutôt que de louer insuffisamment l’œuvre historique de M. Victor Duruy, nous aimons mieux nous en taire. C’est aussi bien à des juges plus autorisés, et dans une autre occasion, moins incidente, pour ainsi parler, qu’il appartiendrait de louer l’Histoire des Romains et l’Histoire des Grecs, la simplicité du plan, la sévérité de l’ordonnance, la fermeté du style, combien d’autres qualités encore? Nous ne pouvons, pour nous, que les signaler une fois de plus, et, une fois de plus aussi, nous excuser auprès de l’auteur, comme auprès du public, de ne consacrer à ces deux beaux livres qu’à peine autant de lignes et beaucoup moins de pages qu’ils ne contiennent de volumes.

Nous serons plus bref encore, mais avec peut-être un peu moins de regret, sur l’ouvrage de M. L’abbé Vidieu, chanoine honoraire et docteur en théologie : Saint Denis l’Aréopagite, patron de la France[2]. C’est qu’en effet nos éditeurs ont abusé de a genre de livres, dont le texte en vérité n’est guère qu’un prétexte à gravures, et, d’ailleurs, dont il faut bien dire que l’ancien intérêt va tous les jours décroissant. Même en accordant à l’abbé Vidieu que saint Denys l’Aréopagite soit le même que saint Denys, patron de la France, — Et il le dit bien, mais il ne le prouve point, — ni l’un ni l’autre n’ont tenu dans l’histoire du christianisme ou dans celle de notre

  1. Hachette, 1 vol. in-8o.
  2. Firmin Didot, 1 vol. in-8o.