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Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/951

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Si les livres que l’on écrit aujourd’hui pour la jeunesse sont encore d’une lecture intéressante et instructive pour un âge plus mûr, les albums sont presque trop beaux, en vérité, qu’on lui dédie, pour les abîmer. Les plus originaux, cette année, sont peut-être ceux de la librairie Plon et de la maison Quantin. Il ne manquerait à ces derniers : Images enfantines, Vingt Fables de La Fontaine, la Comédie chez Bébé, par M. Firmin Bouisset, que d’être un peu moins chargés en couleur. Mais, sans doute, on l’a fait exprès, auquel cas il n’y a rien à dire. Des yeux plus délicats, ou moins naïfs, apprécieront toutefois davantage la Chasse à courre, texte et dessins de Crafty, dont nous ne louerons le spirituel talent que par acquit de conscience, l’ayant loué déjà combien de fois! les Fables choisies de La Fontaine, illustrées par M. Boutet de Monvel avec son goût ordinaire; et surtout les Plus jolies Chansons de France, choisies par M. Catulle Mendès, notées par MM. Emmanuel Chabrier et Armand Gouzien, et illustrées par M. Lucien Métivet.

Ce ne serait pas tout, mais c’est déjà beaucoup, et nous pourrions nous en tenir là, s’il ne nous fallait dire quelques mots d’un très beau livre qu’on s’étonnera peut être de trouver à cette place, mais qui nous est parvenu trop tard, et que nous nous reprocherions cependant d’oublier. L’Armée française[1], dont la publication est aujourd’hui achevée, a tenu ce qu’elle promettait, dès les premières livraisons, sous le double rapport de l’information historique et de l’exécution des dessins. C’est là une étude aussi instructive qu’intéressante sur notre armée depuis 1789, sur ses différentes armes, les glorieuses annales de nos régimens, leur création et leurs transformations successives, et où tous les renseignemens sont d’une rigoureuse exactitude et d’un prix inestimable, puisqu’on ne les trouverait nulle part ailleurs aussi précis et aussi complets. Il n’est pas jusqu’aux changemens apportés dans les cadres depuis les lois du 25 juillet 1887 et dans ces derniers temps qui n’y soient l’objet de chapitres spéciaux. Quant aux dessins et aquarelles de M. Edouard Détaille, l’exécution n’en a jamais été plus parfaite dans sa simplicité élégante que dans ces belles compositions où le peintre militaire a si bien montré la vieille et la jeune armées sous les aspects les plus variés et dans leur vérité saisissante. De cette œuvre nouvelle et unique en son genre, il suffira d’ailleurs de dire qu’elle n’a pas peu contribué à grandir encore une réputation consacrée, cette année même, par le jury du Salon, qui a décerné à l’auteur du Rêve, sa plus haute récompense.



  1. Boussod et Valadon.