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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/243

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La compagnie de Panama, après l’échec de la souscription conditionnelle ouverte le 12 courant au solde des obligations à lots non souscrites lors de la première opération, a déclaré son impuissance à continuer le service des coupons sur les actions et obligations. L’émoi a été considérable, et, bien que depuis longtemps la situation critique où se trouvait la compagnie ne fût plus un secret pour personne, une profonde émotion s’est emparée des porteurs de titres, disséminés au nombre de plusieurs centaines de mille sur tout le territoire, et presque tous fort modestes capitalistes.

Le gouvernement, qui voyait avec inquiétude avancer à grands pas l’heure où l’entreprise serait officiellement au-dessous de ses affaires, s’est hâté de proposer à la chambre un projet de loi autorisant la compagnie à suspendre pendant trois mois ses paiemens de coupons et d’obligations. La chambre a reculé devant la responsabilité d’une législation exceptionnelle pour une entreprise privée, et le projet de loi a été repoussé.

Le vote avait été rendu le samedi 14. Le surlendemain lundi éclatait le sinistre du parquet. La rente française, qui détachait ce même jour un coupon trimestriel de 0 fr. 75 sur le cours de 83.07, a reculé d’abord jusqu’à 82.12 ; le marché paraissait livré à des inquiétudes d’autant mieux fondées que les cours des actions et obligations du Panama avaient été précipités à un niveau très bas et que l’on parlait déjà d’un krach dont on n’osait prévoir toutes les conséquences.

Mais un revirement s’est produit alors dans l’attitude de la place. De hautes puissances financières, intervenant presque ostensiblement, ont relevé les cours de nos fonds publics, et toute la cote a obéi à cette impulsion. Les marchés de Vienne et de Berlin prenaient même les devants sur le nôtre, et portaient aux cours les plus hauts atteints depuis longtemps la plupart des valeurs internationales, rentes russes, hongroise, Extérieure, Turque et Unifiée. L’Italien restait plutôt faible, cette tendance étant expliquée suffisamment par l’importance des débats engagés dans le moment même à la chambre des députés de Rome sur les dépenses extraordinaires de la guerre et de la marine.

Quant aux rentes françaises, elles ont bénéficié d’une avance qui a déconcerté toutes les prévisions pessimistes. Le 3 pour 100 a été porté de 82.12 à 82.87, l’amortissable de 86.12 à 87 francs, le 4 1/2 de 103.87 à 104.37. Quelques jours avant la réponse des primes, les réalisations ont commencé ; en même temps les échelliers, dont les ventes à prime étaient en majeure partie débordées, ont fait tous leurs efforts pour ramener sur la cote des prix un peu plus bas au moment de la réponse. Ils y ont réussi, et le samedi 29, le 3 pour 100 restait coté à 82.67, l’amortissable à 86.82.

La principale préoccupation pendant la semaine des fêtes de Noël,