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Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 91.djvu/397

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L’ÉGYPTE
ET
L’OCCUPATION ANGLAISE

IV.[1]
LE SOUDAN, LE NIL, L’ARMÉE.


XII. — LA PERTE DU SOUDAN EGYPTIEN.

L’un des reproches les mieux fondés que l’Egypte ait à faire à l’Angleterre est celui de lui avoir fait perdre le Soudan. La campagne néfaste qui a donné ce résultat a coûté aux deux nations beaucoup d’or et surtout beaucoup de sang. Quatre-vingt mille vies humaines, y compris, bien entendu, celles des Soudaniens, ont été sacrifiées à une politique détestable, et la mort de Gordon, qui s’y rattache, reste une honte éternelle pour ses compatriotes. C’est sur cet héroïque martyr du point d’honneur que l’Angleterre rejette aujourd’hui le poids de tant de désastres, et je ne sais rien de plus injuste. Gordon n’a point agi sans ordres : je n’en veux pour preuve que le fragment de ce discours prononcé à la chambre des communes par M. Gladstone : « Les devoirs du général Gordon vis-à-vis de notre gouvernement sont, à mon sens, primés par ceux

  1. voyez la Revue des 1er et 15 décembre 1888 et du 1er janvier 1889.