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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.

À peine cette année, réputée la plus énigmatique des années, est-elle commencée, à peine ces premiers jours consacrés aux souhaits, aux complimens et aux fêtes de famille sont-ils passés, nous voici ramenés à la réalité, à la dure et inexorable réalité des choses. Elle est devant nous, elle nous entoure, elle nous presse de toutes parts. On aurait beau s’en défendre, il faut marcher au milieu des agitations nouvelles qui se préparent et des problèmes de toute sorte que l’imprévoyance des hommes amasse sur notre chemin. Il faut suivre au pas de course ce drame de nos affaires, où les partis, les assemblées, le gouvernement, se démènent dans la confusion, vont de crise en crise, de péripétie en péripétie, flottant sans cesse entre la violence et l’impuissance devant un pays excédé, poussé à bout et capable de tout par impatience.

Aujourd’hui il a recommencé, ce drame des vaines turbulences publiques. Déjà nos chambres sont rentrées, l’une au Luxembourg, l’autre au Palais-Bourbon ; elles ont repris leur travail à peine interrompu, et à voir l’esprit qui les anime, qui n’a pu sûrement changer en quelques jours, on sait d’avance ce qu’elles feront, comment elles entendent préluder au centenaire, à l’exposition universelle, aux élections générales. Elles ont donné leur mesure par leurs œuvres ; elles vont la donner encore sans doute, en continuant ce qu’elles ont si bien commencé, en renouvelant le spectacle de leur impuissance agitée, dans cette session qui s’ouvre, qui est la dernière d’une législature sans gloire comme sans profit. Et avant d’aller plus loin, une étrange fortune vient de placer au seuil de cette année, comme un signe indicateur de toute une situation, des prochains mouvemens de