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Voici ce qu’écrit Cheik-Snoussi : «... L’adepte jouit ensuite de la manifestation d’autres lumières qui sont pour lui le plus parfait des talismans.

« Le nombre de ces lumières est de soixante-dix mille; il se subdivise en plusieurs séries, et compose les sept degrés par lesquels on parvient à l’état parfait de l’âme. Le premier de ces degrés est l’humanité. On y aperçoit dix mille lumières, perceptibles seulement pour ceux qui peuvent y arriver: leur couleur est terne. Elles s’entremêlent les unes dans les autres... Pour atteindre le second, il faut que le cœur se soit sanctifié. Alors on découvre dix mille autres lumières inhérentes à ce second degré, qui est celui de l’extase passionnée ; leur couleur est bleu clair... On arrive au troisième degré, qui est l’extase du cœur. Là on voit l’enfer et ses attributs, ainsi que dix mille autres lumières dont la couleur est aussi rouge que celle produite par une flamme pure... Ce point est celui qui permet de voir les génies et tous leurs attributs, car le cœur peut jouir de sept états spirituels accessibles seulement à certains affiliés.

« S’élevant ensuite à un autre degré, on voit dix mille lumières nouvelles, inhérentes à l’état d’extase de l’âme immatérielle. Ces lumières sont d’une couleur jaune très accentuée. On y aperçoit les âmes des prophètes et des saints.

« Le cinquième degré est celui de l’extase mystérieuse. On y contemple les anges et dix mille autres lumières d’un blanc éclatant.

« Le sixième est celui de l’extase d’obsession. On y jouit aussi de dix mille autres lumières dont la couleur est celle des miroirs limpides. Parvenu à ce point, on ressent un délicieux ravissement d’esprit qui a pris le nom d’el-Khadir et qui est le principe de la vie spirituelle. Alors seulement on voit notre prophète Mohammed.

« Enfin on arrive aux dix mille dernières lumières cachées en atteignant ce septième degré, qui est la béatitude. Ces lumières sont vertes et blanches; mais elles subissent des transformations successives : ainsi elles passent par la couleur des pierres précieuses pour prendre ensuite une teinte claire, puis enfin acquièrent une autre teinte qui n’a pas de similitude avec une autre, qui est sans ressemblance, qui n’existe nulle part, mais qui est répandue par tout l’univers... Parvenu à cet état, les attributs de Dieu se dévoilent... Il ne semble plus alors qu’on appartienne à ce monde. Les choses terrestres disparaissent pour vous. »

Ne voilà-t-il pas les sept châteaux du ciel de sainte Thérèse et les sept couleurs correspondant aux sept degrés de l’extase? Pour atteindre cet affolement, voici le procédé spécial employé par les Khelouatya :