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LA
LIBERTÉ RELIGIEUSE
EN RUSSIE

LES CULTES CHRÉTIENS : ARMÉNIENS, PROTESTANS, CATHOLIQUES.


I.

En dehors des 12 ou 15 millions de raskolniks en révolte contre l’église officielle, le tsar compte, dans ses états, plus de 30 millions de sujets entièrement étrangers à l’orthodoxie orientale : protestans, catholiques, arméniens, juifs, musulmans, bouddhistes.

Jusqu’à Pierre le Grand, la Russie était, sauf quelques Tatars mahométans, un état exclusivement orthodoxe. En étendant ses frontières en Europe et en Asie, il lui a fallu faire une place légale aux cultes des contrées annexées. À chaque acquisition, les tsars s’étaient engagés à respecter la religion de leurs nouvelles provinces. Ils n’en étaient pas moins les tsars orthodoxes, jaloux de conserver à leur église, parmi leurs anciens sujets, son antique monopole. Cela explique la politique confessionnelle de la Russie. L’église orthodoxe est restée l’église russe ; à elle toutes les faveurs et tous les droits. Les autres cultes, introduits dans l’empire par la conquête, ont été autorisés pour les populations conquises, non pour les Russes de la vieille Russie. Le Polonais a pu demeurer catholique ;