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d’observations fréquemment répétées. C’est là que les astronomes prennent les étoiles fondamentales, les étoiles de repère auxquelles on rapporte les autres, pour en rectifier les positions absolues.

Ces vastes travaux, qui ont coûté tant d’efforts et usé tant de vies humaines, faut-il croire qu’ils perdront tout leur prix quand la grande carte photographique sera terminée ? Nous ne le pensons pas. Non-seulement les catalogues de haute précision, fondes sur les observations méridiennes, resteront indispensables pour la fixation exacte des positions absolues ; mais les catalogues des zones serviront à contrôler les positions relatives des astres déterminées par la photographie.

La comparaison de clichés obtenus à deux époques différentes permettra d’entreprendre sur une vaste échelle la recherche des mouvemens propres, qu’on n’a pu encore aborder que pour quelques milliers d’étoiles. Ces petits déplacemens progressifs, qui, en moyenne, n’excèdent pas un dixième de seconde dans l’espace d’une année (dans quelques cas seulement ils atteignent 7 ou 8 secondes par an), ne proviennent qu’en partie de mouvemens réels des étoiles que l’on voit ainsi changer de position ; ce sont, dans une certaine mesure, des déplacemens appareils qui ont pour cause le mouvement de translation du système solaire et qui permettent d’en déterminer la vitesse et la direction[1].

Quelquefois la progression, au lieu d’être uniforme et continue, se trouve affectée d’inégalités périodiques qui révèlent l’existence d’une parallaxe annuelle, c’est-à-dire un effet sensible produit par le changement de position de l’observateur quand la Terre passe d’une extrémité à l’autre de son orbite ; l’oscillation qui en résulte dans le lieu apparent d’un astre permet de calculer la distance qui le sépare de notre système. Ou bien l’inégalité présente une plus longue période, et les positions successives de l’étoile laissent reconnaître une orbite qu’elle décrit autour d’un foyer d’attraction voisin. Nous avons affaire à un couple physique ; les couples optiques, où le rapprochement n’est qu’un effet de perspective, présentent des mouvemens propres indépendans.

Les recherches de ce genre seront, sans aucun doute, facilitées par l’application de la photographie, car la détermination des positions relatives sera infiniment plus commode sur les clichés que dans le champ d’une lunette, surtout lorsqu’on voudra comparer des étoiles d’éclat très différent. Dans certains cas même, la photographie offre le seul moyen d’obtenir des mesures précises ; comment s’y prendrait-on pour mesurer directement les distances ou les angles de position dans une fourmilière d’astres telle que

  1. voir, dans la Revue du 1er octobre 1875, les Progrès de l’astronomie stellaire.