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Brigode, de Croy, de Contades, de Louvois, de Brancas, de Gontaut, de Grammont, de Beauvau, de Lur-Saluces, d’Haussonville, de Noailles, de Chabot, de Turenne[1], et autres porteurs de beaux noms historiques. — Pendant la Révolution, à chaque nouveau coup d’état parlementaire, populaire ou militaire, les notables du parti vaincu étaient toujours exclus des places et le plus souvent mis hors la loi. Après le coup d’état de brumaire, non-seulement les vaincus des anciens partis rentrent tous sous la protection de la loi, mais encore leurs notables sont promus aux grands emplois. Parmi les monarchiens de la Constituante, Malouet est conseiller d’état, et Maury, archevêque de Paris ; quarante-sept autres ecclésiastiques, qui, comme lui, n’ont pas voulu jurer la constitution civile du clergé, sont nommés, comme lui, à des sièges épiscopaux. Parmi les feuillans de la législative, Vaublanc est préfet, Beugnot est conseiller d’état et ministre des finances dans le grand-duché de Berg, Matthieu Dumas est général de division et directeur des revues, Narbonne devient l’aide-de-camp et l’interlocuteur intime de Napoléon, puis son ambassadeur à Vienne ; si Lafayette consentait, je ne dis pas à demander, mais à ne pas refuser, il serait maréchal de France. — Parmi les rares girondins ou fédéralistes qui n’ont pas péri après le 2 juin, Riouffe est préfet et baron, Lanjuinais est sénateur et comte ; parmi les autres proscrits ou demi-proscrits, le nouveau régime ramène aux affaires et à la direction des affaires les employés supérieurs et spéciaux que la Terreur chassait et tuait de préférence, en particulier les chefs de service aux finances et dans la diplomatie, qui, dénoncés par Robespierre le 8 thermidor ou frappés d’un mandat d’arrêt le matin du 9 thermidor, sentaient déjà sur leurs têtes le couperet de la guillotine ; Reinhart et Otto sont ambassadeurs, Mollien est comte et ministre du trésor, Miot devient conseiller d’état, comte de Melito et ministre des finances à Naples ; Gandin est ministre des finances en France et duc de Gaëte. — Parmi les déportés ou fugitifs de fructidor, Barthélémy est sénateur, Barbé-Marbois, directeur du trésor et premier président de la cour des comptes ; Siméon, conseiller d’état, puis ministre de la justice en Westphalie ; Portalis est ministre des cultes ; Fontanes est grand-maître de l’université. Sur tous les antécédens politiques, le premier Consul passe l’éponge : non-seulement il appelle à lui les modérés ou

  1. Cf. le Dictionnaire biographique, publié à Leipzig, 1806-1808 (par Eymery), 4 vol., et l’Almanach impérial de 1807 à 1812 : on y trouvera beaucoup d’autres noms historiques, entre autres ceux des dames du palais. En 1810, le comte de La Rochefoucauld est ambassadeur auprès du roi de Hollande, et le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur auprès du roi de Bavière.