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c’est que chez ces derniers la calorification est faible, et le mécanisme régulateur absent. Ils engendrent peu de chaleur et ne peuvent en régler la déperdition. Aussi suivent-ils aisément les oscillations de la température extérieure, à peu près comme le font les corps inertes, tandis que les premiers les suivent beaucoup plus difficilement, et de beaucoup plus loin, mais avec moins d’impunité, il est vrai.


II.

Il nous faut voir maintenant dans quelles limites doit être maintenue la température des êtres pour que la vie s’y conserve. En effet, les êtres les plus élevés, si bien armés soient-ils contre les variations thermiques extérieures, voient arriver des circonstances où leurs armes deviennent insuffisantes, et cela à l’état même de nature, et en dehors de toute expérimentation.

Un mot d’abord sur les variations thermiques qui surviennent dans la zone habitée de notre planète, zone restreinte en somme, comprenant en moyenne de 8 à 10 kilomètres de hauteur, à peu près également répartie au-dessus et au-dessous du niveau de la mer, zone infiniment petite, comparée au diamètre de la terre. En dehors de cette région, la vie n’existe guère ou n’existe plus; seule, donc, elle nous intéresse au point de vue spécial qui nous occupe. Les températures extrêmes observées dans l’air sont — 70 degrés et + 56 degrés centigrades. C’est à Iakoutsk que la première a été relevée ; la dernière l’a été à Mourzouk. On peut admettre que ces chiffres représentent à peu près les limites extrêmes : cela fait un écart de 125 ou 130 degrés centigrades, et à ces températures si distantes la vie de l’homme est possible, de même que celle de certains animaux. Dans les océans, les écarts thermométriques sont moins considérables. D’après Wyville Thompson, la température du fond des mers n’atteint zéro degré qu’à 4,200 mètres de profondeur, dans l’Atlantique : à 600 mètres elle est de 5 degrés; à 800, de 4 degrés ; à 2,000, de 3 degrés. Il en est à peu près de même dans le Pacifique. D’ailleurs, ni à la surface, ni au fond des mers la température ne saurait descendre au-dessous de — 1 ou — 2 degrés, sans congélation de l’eau, et nous n’avons pas à considérer ici ce cas où le problème est compliqué d’un facteur nouveau, de l’asphyxie qui résulte pour les habitans des eaux, du fait de la congélation. Dans la Méditerranée, le froid est moins considérable : la température du fond est d’environ 12 ou 13 degrés. Dans la Mer-Rouge, elle peut monter jusqu’à 21 degrés, et à la surface jusqu’à 32 degrés. Les oscillations sont donc peu considérables dans le milieu liquide et ne dépassent pas 34 degrés centigrades. C’est