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seconde période, les causes actives ont été l’accroissement de nos forces militaires, et la libéralité avec laquelle, en 1881, le parlement a élevé le chiffre de toutes les pensions.

Les mêmes causes ont exercé la même action sur les pensions de la marine qui ont été successivement portées aux chiffres suivans :


1869 11,470,000 francs.
1875 14,822,000 —
1879 16,058,000 —
1887 27,949,000 —
1889 31,500,000 —

Ici, la dépense a triplé en vingt ans. La loi qui a relevé notablement le chiffre des pensions y a beaucoup contribué, mais la politique coloniale y est bien pour quelque chose. Le relèvement des pensions ne produira son effet que graduellement, à mesure que les officiers de terre et de mer actuellement en activité arriveront à l’âge de la retraite et profileront des nouveaux tarifs. Il faut donc s’attendre à voir les crédits croître régulièrement, pendant un certain nombre d’années, de 2 millions pour la marine et 5 à 6 millions pour la guerre, sans préjudice de toutes les autres causes d’augmentations que nous avons énumérées.

Nous venons de voir que le crédit total inscrit au budget de 1889 pour les pensions de toute nature s’élève à 217 millions : c’est une augmentation de plus de 71 millions sur le chiffre de 1878 qui n’était que de 145 millions. Dans cette augmentation figurent les pensions que le parlement a jugé à propos de voter pour les insurgés de février 1848 et de décembre 1851, et les pensions plus légitimement accordées aux magistrats victimes de l’épuration judiciaire. Les pensions des fonctionnaires civils font l’objet, au budget de 1889, d’un crédit de 62,150,000 francs, auquel le budget de 1899 n’ajoute que la faible somme de 150,000 francs. Ici encore, il y a une aggravation sensible des charges du trésor, car en 1876 le crédit ne s’élevait qu’à 35,483,286. À en croire les rapporteurs des budgets et les orateurs ministériels, il faudrait en faire retomber la responsabilité sur la loi du 9 juin 1853, qui reposerait sur des calculs erronés. Il nous paraît que c’est là un moyen commode de pallier les fautes d’une mauvaise administration, et que la loi de 1853 ne mérite pas tous les reproches qu’on se complaît à lui adresser.

Cette loi est née de la passion d’uniformité dont notre bureaucratie est possédée. Jusqu’en 1853, presque toutes les grandes administrations avaient leurs règlemens particuliers et une caisse