cette année, à une lutte vraiment épique entre le rapporteur du budget, de la marine et l’amiral Krantz, refusant victorieusement de sacrifier sur l’autel de l’économie un des quinze chefs de bureau qui dirigent, rue Saint-Florentin, une trentaine d’employés.
L’échec de quelques-unes des réductions tentées par les commissions du budget, sous la pression de l’opinion politique, peut-il être invoqué comme un argument par ceux qui opposent à toute demande de réforme la théorie de l’incompressibilité des dépenses de l’État, et qui crient volontiers à la calomnie quand on porte des gaspillages de l’administration républicaine ? Cet échec prouverait tout au plus qu’on a mal choisi les dépenses sur lesquelles il fallait faire porter les réductions. Voyez, par exemple, le ministère des travaux publics : ses crédits ont été graduellement diminués, et ils seront encore inférieurs en 1890 aux. chiffres votés pour 1889 ; mais les réductions portent exclusivement sur les travaux à exécuter, c’est-à-dire sur la dépense utile : elles laissent, presque intact le personnel improvisé par M. de Freycinet et qui survit aux projets qu’il était destiné à exécuter. On a vraiment mauvaise grâce à nier la possibilité de réduire le chiffre formidable de nos dépenses publiques lorsque l’on voit que le budget du ministère de l’agriculture qui s’élevait, en 1884 à 45,298,528 francs, a pu, par des diminutions successives, être ramené, pour 1888, à 39,146,279 francs sans que les titulaires de ce département aient pu se plaindre qu’on en eût désorganisé les services. Or les 6,152,249 francs, ainsi retranchés en quatre années, représentent 14 pour 100 de la dépense de 1884. En additionnant les réductions successivement opérées depuis 1886 par les commissions du budget, on arriverait, au dire d’un des derniers rapporteurs, au chiffre inattendu de 110 millions : s’il est exact, comme le prétendent les apologistes du régime actuel, que le montant des dépenses non obligatoires et susceptibles de diminution ne dépasse pas 650 millions sur les 3 milliards qui figurent au budget ordinaire, les 110 millions supprimés représenteraient également 15 pour 100 de ce montant. Il serait donc avéré que les dépenses administratives avaient été exagérées de 15 pour 100 et que, pendant la période des prodigalités républicaines, de 1877 à 1887, on a dépensé sans utilité 110 millions par an, soit plus d’un milliard. Après une pareille constatation, est-il encore possible de taxer d’exagération et d’injustice les critiques adressées à la gestion financière de nos gouvernans ?
Quel que soit le chiffre réel des réductions opérées, comme toutes les dépenses supprimées ont été remplacées par des dépenses nouvelles, il n’en est résulté aucun allègement effectif des charges du budget. Il faut reconnaître d’ailleurs, que des économies durables