Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 93.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plus en plus contre ce genre de dépenses ? C’est, cependant, sur l’instruction publique qu’il serait le plus facile de réaliser des économies importantes. Si l’on voulait renoncer à l’illusion de la gratuité, cette aberration antidémocratique, qui aboutit à faire payer à tous, même aux plus pauvres, l’instruction des enfans des familles aisées, l’État recouvrerait la rétribution scolaire qui, d’après les évaluations les plus faibles, produisait 18 millions, et ces millions viendraient, comme autrefois, en déduction des charges publiques. Pourquoi maintenir au budget la subvention de 14 millions, accordée aux grandes villes à la veille des élections générales de 1885, et qui ne sert qu’à l’entretien d’un état-major scolaire disproportionné avec les besoins réels de l’enseignement ? N’est-ce pas assez qu’en 1887 le personnel des écoles primaires ait coûté à l’État et aux communes la somme de 120 millions ? Faut-il persévérer dans les laïcisations, bien que tout le monde reconnaisse qu’on ne pourra aller jusqu’au bout dans cette voie faute de maîtres pour diriger les écoles et faute d’argent pour rémunérer ces maîtres ? Faut-il multiplier encore, comme on le fait tous les jours, des établissemens d’enseignement secondaire, lycées ou collèges de garçons et de filles, auxquels on ne peut assurer les moyens d’exister par eux-mêmes, et qui retombent entièrement à la charge du budget ? On le voit : le champ des économies est vaste ; mais où est le ministre, où est la chambre qui sauront lui faire rendre des millions ?

Nous avons à peine besoin de rappeler à quel point la dernière discussion du budget a été défavorable au ministère de la marine. Le rapport de M. Gerville-Réache et le discours de M. Deschanel ont démontré à l’évidence que la France n’en a pas, comme on dit, pour son argent. On ne saurait plus honnêtement et plus mal employer les deniers publics. Tout en essayant de justifier ses prédécesseurs, l’amiral Krantz a reconnu que des fautes avaient été commises. Une importante amélioration sera réalisée par la suppression du budget extraordinaire qui se prêtait à de continuels viremens parce qu’aucune ligne de démarcation précise n’existait entre les crédits qui y figuraient et les crédits inscrits au budget ordinaire, et que la tentation était irrésistible de puiser indifféremment, pour une dépense, dans l’un ou dans l’autre budget. Il est à espérer que l’application sincère du décret du 23 novembre 1887 sur la comptabilité des magasins de la marine et du décret du p septembre 1888 sur la comptabilité des travaux mettra fin aux nombreux abus qui ont été signalés par la Cour des comptes et par les commissions parlementaires ; mais la réforme la plus importante à accomplir serait la fixation de cadres pour les bâtimens à