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PEAUX-ROUGES ET VISAGES-PALES

L’ouverture à la colonisation du territoire de l’Oklahoma, vaste enclave du territoire indien, attire de nouveau l’attention publique sur ces peuplades rouges, en contact, depuis quatre siècles, avec la famille blanche.

Montesquieu, dans l’Esprit des lois, énumère quatre sortes de traitemens à appliquer aux peuples conquis, l’un de ces procédés consistant à exterminer tous les vaincus. Une partie du peuple américain songea à cette solution. « La race rouge est condamnée sans appel, » disait-on dans le parlement. Mais l’étendue du territoire occupé par les peuplades en question, le nombre relativement restreint des colons blancs à l’origine, empêchèrent la mise en œuvre d’un tel procédé.

Une autre méthode consiste à instruire ces hommes naïfs pour en faire plus tard de véritables citoyens. Ce plan, les Américains le suivent depuis un siècle, sinon avec sollicitude, du moins avec cette opiniâtreté anglo-saxonne qui leur a permis d’accomplir de si grandes choses. Nous nous proposons d’examiner ici l’œuvre américaine et de rechercher quel peut être l’avenir de cette race rouge environnée par les blancs, et dont les représentans les plus avancés paraissent avoir atteint le plus haut degré de civilisation qu’ils puissent vraisemblablement acquérir.


I

Avant la découverte du Nouveau-Monde, les ancêtres des tribus barbares qui envoient périodiquement des délégués à Washington