qu’ils foulaient depuis leur enfance, et, malgré leur commerce fréquent avec les blancs, beaucoup d’entre eux conservaient leurs coutumes et leur langue, sans vouloir rien connaître de la civilisation des visages-Pâles. Inutile d’ajouter que dans ces accords, un peu forcés, le gouvernement se réservait les meilleurs terrains.
C’est ainsi que les tribus cédèrent successivement des portions de leur territoire : de 1795 à 1840, on compte cent six de ces contrats de vente, qui marquent autant d’empiétemens successifs des blancs sur les rouges.
Dès 1784, les Iroquois évacuèrent la Pensylvanie : ce fut le début de ces marchés réitérés qui, en fin de compte, refoulèrent à l’Ouest du Mississipi les peuplades de l’Est et du Sud.
C’est le 27 janvier 1825 que le président Monroë adressa au sénat un message proposant de rejeter ces Indiens, au nombre de 100,000, sur la rive droite de ce grand fleuve. Le président estimait que, vu leur état peu avancé, il n’y avait pas lieu d’incorporer ces barbares à la population blanche, et il considérait leur déplacement comme nécessaire, sous peine d’extinction prochaine. Mais, loin de vouloir procéder à une expulsion en masse et sans conditions, il se proposait d’obtenir leur libre consentement et de leur assigner, dans les parages indiqués, des terres équivalentes à celles qu’ils abandonneraient.
Ces dispositions firent l’objet d’une loi qui décida l’achat des 77 millions d’acres (environ 31 millions d’hectares) occupés par les tribus à transplanter.
Ainsi, la politique antérieure, officiellement confirmée, prit plus de force. Les agens des affaires indiennes entreprirent la tâche ingrate de faire entendre à ces infortunés que leur éloignement constituait la condition essentielle de leur repos futur. Ils n’en vinrent pas aisément à bout. Les indigènes élevaient d’exorbitantes prétentions, se demandant si la concession que le gouvernement cherchait à leur extorquer ne cachait pas quelque piège, et si, par exemple, leur départ ne marquerait point le commencement d’un très long voyage. Parfois, à bout d’argumens, ils assassinaient les agens et toute personne qui leur conseillait d’abandonner leur patrimoine, cette terre sacrée où avaient erré leurs ancêtres, où ils avaient eux-mêmes combattu, et que le patriotisme commandait à leurs fils de défendre contre les visages-Pâles.
L’état de Géorgie, qui servait de cantonnement à quelques-unes de ces peuplades, imagina de les expulser sans autre forme de procès. Les missionnaires répandus parmi elles les engagèrent à la résistance et, pour battre en brèche cette influence, l’État défendit aux blancs de résider parmi les Indiens (1831). Et, comme les