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quand la plupart des spéculateurs sont absens, en voyage, à la campagne ou aux eaux.

On peut donc croire qu’une stagnation plus ou moins prolongée des cours aurait succédé au mouvement de retraite causé par les réalisations continues du mois dernier, s’il n’était survenu quelques incidens intérieurs et extérieurs qui, sans provoquer de réelles inquiétudes, ont tout au moins assombri légèrement l’horizon politique et rendu la spéculation encore plus prudente et désireuse de se dégager.

Le premier et le plus retentissant de ces incidens a été le toast porté par le tsar au prince de Monténégro, « le seul ami sincère et loyal de la Russie. » Les banquiers de Berlin se sont aussitôt son venus de l’anathème prononcé récemment au Reichstag par le prince de Bismarck contre les placemens en fonds étrangers. Ils ont commencé à vendre des fonds russes, c’est-à-dire à appuyer d’offres nombreuses et bruyantes à découvert les réalisations des porteurs de nouveaux titres de la Dette russe convertie.

Toutes les catégories de cette nouvelle dette, emprunt 1889, et Consolidés des chemins de fer 1re et 2e série, émis successivement en mars et mai derniers pour remplacer les anciens emprunts 5 pour 100, ont suivi dans le mouvement en arrière le 4 pour 100 1880, qui avait servi de remorqueur pour la hausse depuis le mois de novembre 1888. À cette époque, le 4 pour 100 1880 ne valait encore que 86 pour 100 ; il a été porté depuis à 95, coupon détaché, et baissait déjà fin mai à 92. Le 12, il était encore à 91. Le marché s’étant subitement affaibli sur toute la ligne dans la séance du 13, le 4 pour 100 1880 n’est plus qu’à 90.20 ; le 1889 a été ramené de 93.10 à 90.70 ; les Consolidés des deux dernières émissions à 90.60 et 89.70. Ce dernier fonds se trouve en perte de plus de 1 34 pour 100 sur le cours auquel il était offert il y a moins d’un mois en souscription publique.

Le 3 pour 100 français perd 30 centimes à 86.30, plus le montant du report moyen 24 centimes, l’amortissable 45 centimes à 88.25, plus le report de 26 1/2 centimes, le 4 1/2 2 centimes à 104.52, plus le report de 31 1/2 centimes. Le report a été reperdu dès le lendemain de la liquidation sur les trois fonds. La réaction sur les cours ne s’est faite que dans la Bourse du 13, sur l’arrivée de dépêches annonçant une faiblesse générale sur les places de Berlin, de Vienne, de Francfort, et même de Londres.

Le Hongrois, qui vient de terminer une nouvelle opération de conversion sur quelques emprunts intérieurs, a reculé de plus d’une unité à 86.60. L’Extérieure, qui avait repris depuis la liquidation le cours de 76, a été offerte jusqu’à 75 1/2.

L’Unifiée s’est tenue aux environs de 460. La plupart des puissances ont donné leur assentiment à la conversion de la Dette privilégiée